Titre : Le marionnettiste
Personnage principaux: Emily Prentiss et J.J Jareau + l'équipe
Résumé: L'équipe de Aaron Hotchner est en alerte. Un tueur en série que les médias ont surnommés le Marionnettiste accumule les victimes et sème la panique dans la petite ville de Royal. Envoyés sur le terrain afin d'élucider ces crimes et mettre un terme définitif aux meurtres, les profilers vont avoir les nerfs à rude épreuves lorsqu'un jeu macabre s'engage avec un de leur agent.
Bonsoir tout le monde !
Alors je me permet de vous présenter ma première FF concernant Esprits Criminels, et sur celle-ci plus particulièrement mon couple fictif chétif : Emily Prentiss et J.J Jarreau.
Bon c'est ma première sur cette série alors c'est sûr que ça ne va pas être du grand art...
Tous les chapitres, une fois regroupés, formeront en fait l'équivalent d'un seul épisode de la série :)
Bonne lecture !!
Le marionnettiste
Bureau d'étude de l'Analyse comportemental du FBI, Quantico : Les bras croisées sur sa poitrine, Emily Prentiss regardait distraitement les minutes défiler sur l'horloge monstrueusement grande, accrochée au mur sombre de la pièce. Le silence qui y régnait n'était perturbé que par ces
tic-tac agaçant, tandis que le temps lui-même semblait figé. Depuis une heure qu'elle se trouvait enfermé dans ce bureau, les secondes s'étaient très vite transformées en une éternité interminable.
Assit devant elle, lunettes vissées sur le nez, le psychiatre ne cessait de la fixer d'un œil inquisiteur. Chargé par le BAU d'évaluer chacun des membres de l'équipe, il gardait les jambes croisés, un bloc note posé à même ses genoux et un stylo dans la main, prêt à écrire dès qu'Emily se déciderait à parler. Presque une heure qu'il n'avait changé de position. Il se contentait d'attendre. Attendre qu'elle soit prête. Comme toutes les autres séances avant elle.
Mais Emily n'avait aucune envie de parler, de l'entendre déblatérer sur le traumatisme qu'elle avait subit et les conséquences qui en résultaient aujourd'hui. Elle ne souhaitait pas se confier à un inconnu sur ses peurs les plus profondes, les secrets qu'elle gardait enfouis au fond d'elle. La jeune femme ne voulait pas partager avec cet homme tous les sentiments, tout ce qu'elle avait ressenti ce jour-là. Alors ses lèvres restaient obstinément closes, son regard se portait ailleurs pour ne pas croiser celui de son interlocuteur. Car se confier était une chose qu'elle détestait. Une chose trop difficile pour elle.
Tic Tac. Le temps défilait à n'en plus finir, et Emily restait prostrée dans son silence, son visage impassible ne laissant rien deviner.
-
Ecoutez agent Prentiss, se décida finalement le psychiatre.
J'imagine facilement que parler à un inconnu n'est pas chose aisée mais je suis avant tout ici pour vous aider.
- Je n'ai pas besoin d'aide, répondit la jeune femme d'un ton neutre.
Elle n'avait pas envie de lui adresser le moindre mot. Son air compatissant la mettait mal à l'aise et elle n'avait confiance ni en lui, ni en tous ces diplômes qui traînaient sur les étagères poussiéreuses. Cet homme avait beau être précédé d'une réputation glorieuse, le fait qu'il ait été engagé par Strauss n'invitait pas Emily à la confidence.
Et la fatigue qui tiraillait la jeune femme en manque de sommeil lui mettait les nerfs à vif. Il lui semblait qu'elle n'avait passé une véritable nuit reposante depuis des années. Tout ce qu'elle voulait, à cet instant, c'était d'enfin pouvoir rentrer chez elle et s'écrouler sur son canapé après s'être servie un verre. Ne plus penser à rien, tout oublier.
- V
ous estimez être plus forte que les autres ? demanda le psychiatre en rebondissant sur sa réponse.
Tous vos camarades ont été forcé de faire cette thérapie et ils se sont peu à peu ouverts. Vous êtes la seule à ne rien vouloir dire. Est-ce que c'est par pudeur ? Emily serra les dents. Il cherchait à décortiquer tout ce qu'elle gardait dans sa tête, et même si elle ne le montrait pas, elle détestait ça.
Mais, devant son silence obstiné, l'homme retira ses lunettes et poussa un profond soupir.
-
Je sais ce que vous vous dites Emily...
- Agent Prentiss, corrigea-t-elle d'un ton sec.
-
Très bien. Agent Prentiss. J'ai lu le rapport de l'enquête et je sais que vous êtes passée très près de la mort. Et cela n'a rien d'anodin. Cela vous a laissé une marque que vous ne pourrez effacer qu'en acceptant de parler.
- Vous croyez connaître ce que je ressens ? rétorqua Emily en se redressant dans son siège.
Je n'ai pas fais que frôler la mort. Est-ce que vous imaginez ce que ça fait que d'être déclarée décédée, même le temps de quelques minutes ? Si vous me dites que vous pouvez me comprendre, alors permettez-moi d'en douter sérieusement. Évidemment qu'il ne pouvait comprendre. Ce n'était qu'un psychiatre qui passait, journée après journée, son temps à écouter les problèmes des autres. Il ne pourrait jamais savoir comment on se sent lorsque quelqu'un vous avait déclarez morte. Jamais.
Emily chassa une mèche de cheveux brun avant de porter machinalement une main à sa frange.
-
De vous à moi, je suis forcé de rendre un rapport à vous supérieurs, agent Prentiss, déclara-t-il.
Et si vous refusez de me parler, je vais être obligé de vous déclarez, une nouvelle fois, inapte à reprendre du service. Tout ce que je vous demande, c'est d'évoquer ce jour-là. C'est la procédure normal, je suis sûr que ce n'est pas la première fois que cela arrive. Et même si cette fois est plus éprouvante pour vous, parlez de ces événements vous aidera plus que vous ne le pensez. Certes, voir un psychiatre du FBI n'était pas une première fois pour elle. Mais que ces événements l'aient personnellement touché ne l'aidaient en aucune manière à se confier. Elle préférait le silence et pariait sur ses propres capacités à gérer seule son traumatisme. Elle se devait d'être forte. Il le fallait.
Pourtant, au fond d'elle, Emily savait qu'elle allait devoir parler. C'était l'unique moyen de classer une fois pour toute cette affaire et d'enfin reprendre ce travail qui lui manquait tant, et dont elle était privée depuis de longues semaines. Si elle souhaitait vraiment refaire partie de son équipe, alors il faudrait qu'elle abdique et accepte de se confier.
Battue sur son propre terrain, son regard quitta à regret les aiguilles de l'horloge et se posa sur son interlocuteur. Mais, à l'instant même ou elle ouvrit la bouche pour déverser ce flot de parole qu'il attendait tant, une sonnerie retentit soudainement, mettant aussitôt fin à une discussion qui n'avait pas débuté.
Manifestement déçu qu'une nouvelle séance ne se soit écouler sans aucun échange de la part de sa patiente, le psychiatre se leva et tendit la main à Emily.
-
Je suis désolé mais je ne peux pas vous laisser reprendre tant que mon rapport sur vous ne sera pas fait, déclara-t-il.
Je vous propose de nous voir la semaine prochaine. Même jour, même heure. J'espère que vous aurez compris les bienfaits que cette évaluation pourrait avoir sur vous. Je suis là pour vous aider. Elle le salua brièvement puis récupéra sa béquille posée contre le fauteuil. Boitant, elle prit enfin la direction de la sortie, soulagée que cette séance soit enfin terminée. La jeune femme avait l'impression d'étouffer dans ce bureau et ne rêvait que d'une bouffée d'air. Comme si cette simple heure dans cette pièce sombre l'avait vidé de son énergie. Elle se sentait faible, tremblante et parcourue de sueurs froides.
À bout de force, à bout de souffle, Emily se reposa un instant contre la rambarde du premier étage, surplombant les bureaux de son équipe. Une équipe qui, à cet instant, la jugeait, chacun à sa façon.
Aaron Hotchner n'attarda pas son regard sur elle et fut le premier à reprendre ses activités. Lorsqu'il referma la porte de son bureau, mine sévère, elle comprit que son supérieur était sans aucun doute déçu par son entêtement à ne pas vouloir se confier au psychiatre.
Derek Morgan, lui, tenta de lui faire comprendre par un signe de tête qu'il la soutenait, même s'il n'approuvait pas non plus son choix de rester muette. Sans doute pensait-il qu'elle faisait encore l'enfant. Mais étant son coéquipier, et son ami, il lui donnerait tout le soutien nécessaire.
Un sourire de Spencer Reid réchauffa le cœur d'Emily. Ce jeune génie avait, lui aussi, connu un traumatisme lors d'une enquête et devait la comprendre mieux que personne.
Pénélope Garcia, qui avait quitté son antre informatique pour se mêler à la population réelle, esquissa un « courage », tandis que David Rossi la fixa un instant, le visage impassible.
Son équipe était là, devant elle. Et c'était une torture de ne pouvoir les rejoindre. Eux qui l'avaient sorti de ce cauchemar éveillé, qui l'avaient secouru. Elle leur en était reconnaissante.
Mais, inconsciemment, son regard
la chercha. Elle qui l'avait entraîné dans cet enfer. Mais pour qui Emily revivrait ces moments encore et encore. Et quand enfin elle l'aperçut à travers la vitre de son bureau, la tête plongée dans ses dossiers, la jeune femme se retrouva envahi de sentiments contradictoire et dangereux. Trop forts pour qu'elle ne puisse les contrôler, ou pour qu'elle les fasse taire. Ils envahissaient chaque parcelles de son corps. Entre haine et amour, le combat ne faisait que débuter.
Jennifer Jarreau ne leva pas les yeux. Emily était certaine qu'elle ne sentait pas son regard fixé sur elle, à épier chacun de ses mouvements. A remarquer chaque tic qui la prenait parfois. Comme de remettre distraitement ses cheveux derrière ses oreilles, ou toucher le collier qui pendait à son cou.
Mais l'observer était trop douloureux. Bien trop éprouvant. Son visage remuait de douloureux souvenirs qu'Emily tentait de chasser à tout jamais de son esprit.
Elle se redressa et passa son manteau sous son bras avant de se diriger vers la sortie. Elle ne voulait plus voir J.J. Et de toute façon, elle n'avait rien à faire dans ces bureaux si sa plaque n'était pas à ses côtés. Elle ne supportais pas de se voir ainsi exclue, ni l'air compatissant de ses collègues qui lui faisait tant de bien à peine quelques minutes plus tôt.
Appuyée sur sa béquille, elle ouvrit la porte du bureau et regagna l'extérieur. Dehors, l'air froid emplit violemment ses poumons et la fit frissonner, bras nus. Sa peau brûlante fut immédiatement agressée mais Emily n'en avait que faire. Paupières closes, elle prenait de profondes respirations pour se calmer. Calmer cette colère qui l'animait lorsqu'elle voyait ses collègues mener leur petite vie tranquille, eux qui n'avaient rien eu à subir. Se calmer contre cette rage qu'elle éprouvait envers J.J, mais à laquelle se mêlaient des sentiments si purs et si destructeurs. Ils l'emplissaient entièrement et son esprit se tordait de douleur, incapable de décider si l'amour était, à cet instant, plus fort que la haine.
D'un mouvement de tête, la jeune femme se força à ne plus penser à sa collègue et se décida enfin à prendre la direction de sa voiture. Chaque pas lui arrachait une grimace de douleur. Son genou abîmé semblait sur le point de se déchirer, mais cette souffrance insupportable lui faisait du bien, la rassurait. Cela lui rappelait qu'elle était encore là, qu'elle était encore debout et que rien de ce que ce cinglé ne lui avait fais subir ne pouvait à présent la mettre à terre.
Fouillant dans son sac, elle chercha ses clés de voiture mais elles glissèrent de ses mains pour s'échouer au sol. Emily poussa un soupir et voulut se baisser pour les ramasser lorsque de violentes images s'imposèrent brutalement dans sa mémoire. Les hurlements de J.J, échos de ses propres cris. La souffrance et la haine qu'elle avait ressenti lorsque ce taré avait commencé son jeu pervers. Elle revoyait encore le sang qui s'écoulait de son corps, ces questions qu'il avait posé, à J.J et à elle. Une partie macabre qu'elles n'avaient pas eu le choix d'éviter. Forcées d'y jouer contre leur envie.
Ce fut un crissement de pneu, suivit par un long klaxon, qui tira Emily hors de ses pensées. Recroquevillée par terre, terrifiée au milieu du parking, elle se se trouvait face à la voiture d'un autre fonctionnaire.
Comment avait-elle fini à terre ? Elle n'avait aucun souvenirs. Elle sentait seulement la peur qui l'emprisonnait, et le contact glacial de ses clés dans ses mains.
-
Tu peux pas faire attention quand tu traverses ! La jeune femme leva des yeux perdus au conducteur visiblement furieux. Il fit ronfler bruyamment son moteur pour l'inciter à bouger mais Emily en était incapable. Comme si son corps refusait de lui obéir. Elle restait tétanisée, tremblante.
Le psychiatre appelait ça un stress post-traumatique.
-
Dégage de la route ! Un nouveau ronflement lui fit porter instinctivement la main sa ceinture, là où aurait dû se trouver son arme de service. Mais sous le vide qu'elle y sentit à la place, Emily retint un hurlement de rage. Ce type n'oserait surement pas lui parler comme ça si elle avait eu son Glock 19 sur elle. Elle aurait su mettre un terme à sa mine suffisante.
Son cœur s'emballa soudainement et elle sentit la colère s'emparer d'elle. Il continuait à hurler et Emily s'imagina en train de lui planter la tête dans le volant.
Mais, au moment même où elle voulut mettre son plan à exécution, l'horrible klaxon se tu soudainement et la jeune femme sentit une main se poser sur son épaule. Sa réaction ne se fit pas attendre. Elle agrippa sans douceur le poignet inconnu et le tira vers elle, prête à le briser à la moindre pression.
- Emily arrête ! C'est moi ! C'est Jennifer ! Emily cligna des yeux quelques secondes avant de relâcher brusquement la main de J.J. Sa collègue, les joues rougies par le froid, la regardait avec inquiétude, choquée par ce soudain accès de violence. Ses cheveux blonds se balançaient sous l'effet du vent et le cœur de la jeune femme se serra douloureusement. Elle tenta de s'excuser, d'expliquer son geste, mais elle ne parvint qu'à balbutier des paroles incompréhensibles. Elle avait failli lui faire du mal. Elle aurait pu lui briser le poignet sans aucune hésitation.
Elle n'arrivait plus à se contrôler.
Emily baissa la tête, incapable de se justifier sur son attitude, et aperçut le badge du FBI que J.J tenait encore entre ses doigts. Voilà ce qui avait mis fin à la colère du conducteur impatient.
-
J.J, murmura la brune d'une voix faible.
Je...Je suis désolée...Je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
- Ce n'est pas grave, répondit-elle doucement.
Viens, relève-toi. Je vais te ramener chez toi.
- Mais et toi ?
- Morgan passera me prendre. Elle récupéra sa béquille avant de lui tendre et l'aida à se remettre sur pied. Le genou d'Emily lui arracha une nouvelle grimace mais elle sentit J.J passer son bras autours de sa taille. Et ce simple contact lui suffit.
La blonde fit un signe à la voiture au conducteur si impatient et éloigna sa collègue vers son propre véhicule sans prononcer une parole.
Quant à Emily, les yeux dans le vague, elle essayait de répondre à ses propres questions. Pourquoi J.J était-elle ici avec moi alors qu'elle l'avait quitté à son bureau ? Et pourquoi s'était-elle retrouvée par terre sans en avoir même conscience ?
-
Elle t'a fais peur. Elle tourna la tête vers Jennifer. Celle-ci la regardait avec compassion, et Emily se rendit compte à quel point elle pouvait lire en elle si facilement.
-
La voiture, reprit-elle.
Tu étais perdue dans tes pensées et tu as traversé sans te méfier . Le conducteur a freiné mais son klaxon t'a effrayé. C'est pour ça que tu t'es retrouvée par terre.
- Je ne m'en suis pas rendue compte... Elle devait sûrement passer pour une idiote.
La honte enflamma ses joues et elle se tut, incapable de dire quoi que ce soit. N'importe qui aurait tenté de la faire parler, de la faire se confier sur les raisons de cette absence. N'importe qui. Sauf Jennifer. Elle se contentait de la soutenir sans échanger un mot.
Faisait-elle les mêmes cauchemars qu'Emily ? Est-ce que, chaque nuit avant de s'endormir, elle repensait elle aussi à ce que Conelly leur avait fais subir à toutes les deux ? Est-ce que ses blessures la faisait autant souffrir que les siennes ? Repensait-t-elle à ces confessions que ce malade les avait forcé à faire ?
Un violent mal de tête lui fit fermer les yeux tandis que J.J, inquiète, l'installa dans la voiture.
-
Courage, souffla-t-elle simplement.
La route se fit en silence. Emily et elle ne s'étaient pas retrouver seule depuis son réveil à l’hôpital et Emily ignorait quoi lui dire, quoi lui demander. Elle savait uniquement que la colère qu'elle ressentait depuis s'amenuisait avec sa présence. Et lorsque J.J se gara près de son immeuble, la jeune femme aurait tout donner pour que ce trajet perdure.
Jennifer était consciente de l'effet qu'elle avait sur Emily. Et pourtant elle n'en avait jamais abuser. Ce fut au moins une chose qu'elle avait apprise grâce à Conelly.
Pourtant, lorsqu'elles pénétrèrent à l'intérieur de l'appartement, Emily ne ressentit que du vide. Comme à chaque fois. C'était autrefois son chez-elle.
Aujourd'hui ce n'était plus rien. Comme si elle avait laissé une partie d'elle dans cette cave où elles étaient enfermées. Ses petites habitudes avaient disparus, le bien-être qu'elle éprouvait en passant ce palier n'existait plus. Ce n'était qu'un salon, qu'une chambre. Les meubles ne lui appartenaient plus, les photos semblaient appartenir à une personne différente. Et pourtant tout était à elle.
La jeune femme s'avança, entraînant J.J dans son sillage.
- Tu devrais te reposer, Emily. Tu as l'air épuisée. Sans doute.
Emily savait qu'elle avait raison.
Tendrement impérieuse, Jennifer lui prit la main et la conduisit jusqu'au canapé où la jeune femme, éreintée et à bout de force, s'allongea sans protester.
- Tu vas restée ici ? Sa propre voix lui sembla celle d'une enfant.
J.J se mordit la lèvre, le regard fuyant. Elle était incertaine quant à l'attitude à adopter avec elle et Emily le voyait bien.
-
Je dois rentrer au bureau, murmura-t-elle en passant une main sur le front brûlant de son amie.
Hotch veut que je récupère mes affaires.
- Pourquoi ça ?
- Ne t'en fais pas Emily...
- Non ! Dis-moi pourquoi ! Elle tenta de se redresser mais le regard de J.J la força à se tenir tranquille.
-
J'ai refusé de parler au psychiatre, finit-elle par avouer.
-
Quoi ? Mais...Mais tu as été réintégré au bureau...
- Parce que j'ai dis ce qu'il voulait entendre. Mais...Will est allé avouer à Hotchner que je faisais régulièrement des crises d'angoisses, des cauchemars. Il m'a ordonné d'aller le consulter mais j'ai refusé. Alors il m'a suspendu .
- C'est injuste ! De quel droit Hotchner pouvait-il la suspendre uniquement parce qu'elle n'avait pas envie de raconter ce qui lui était arrivée dans cette cave ? Et ce Will qui se mêlait de sa vie comme si le fait d'être encore son mari lui en donnait le droit !
- J'irais voir Hotch demain, annonça Emily avec une colère mal maitrisée.
Et s'il refuse de te reprendre je te jure que...
- Emily calme-toi. Sa voix était douce mais l'ordre agit immédiatement. Les muscles de la jeune femme se décontractèrent et le voile noir qui venait de tomber devant ses yeux se leva aussitôt.
- Tu devrais dormir un peu maintenant. Je reviendrai te voir en fin d'après-midi. Elle la regarda, comme si ses lèvres souhaitaient à cet instant avouer quelque chose qu'elle retenait à contrecoeur. Et le souffle d'Emily se bloqua dans mes poumons. Elle espérait entendre sa voix, connaître ce qu'elle tenait à dire, mais la blonde finit par refermer la bouche et n'esquissa qu'un unique sourire avant de se redresser. Elle récupéra ses affaires, remettant de temps à autre une mèche derrière ses oreilles. Mèche qui était tachée de sang il y avait en encore quelques semaines.
Le souvenir percuta si brutalement qu'Emily ferma les yeux sous le choc. Le souffle court, elle tenta de les faire disparaître de sa mémoire. Sans succès. Elle n'arrivait pas à chasser ses souvenirs de son esprit. Ils la torturaient, la rongeaient. Et ce furent eux qui l'entraînèrent dans un nouveau sommeil agité.
Une cave. Je suppose que c'est là que Conelly m'a entraîné. Il fait noir, humide et je n’aperçois aucune fenêtre au travers de mes paupières à demi-collées par le sang qui coule de mon arcade. Une lumière verdâtre illumine la pièce et j'arrive à apercevoir une silhouette. Sûrement ligotée à sa chaise, comme moi.
Je l'appelle. Plusieurs fois. Mais elle ne répond pas. Elle est sans doute inconsciente.
Ses cheveux blonds sont rouges de sang et je plains la pauvre fille. Ce tarée n'a pas du y aller de main morte avec elle.
Je tortille mes poignets mais les liens sont trop serrés et me dévorent la peau à chaque mouvement.
J'aurai dû me douter que cet appel était un piège. Et me voilà ici, aux mains du tueur que je traquais.
Un mouvement attire mon attention et je vois la fille remuer lentement. Trop faible pour se redresser sans doute.
Je prend le temps d'observer autour de moi, le cœur battant. J'aperçois des outils de toutes formes et de toutes tailles accrochés au mur suintant d'humidité. Des chaînes pendent du plafond et certaines sont encore pleines du sang de ses anciennes victimes. Les crochets qu'il a utilisé pour ses tortures sont soigneusement rangés au fond de la pièce, à côté de l'inconnue. Quant au sol, il est noir de crasse et seules des traces rougeâtres autour d'une bouche d'égout rappelle le nombre de femmes qui sont passé par là.
La porte s'ouvre violemment. C'est mon tour. Le réveil fut brutal et le premier réflexe d'Emily fut d'attraper le revolver qu'elle avait pris soins de glisser sous son oreiller. Brandit devant elle, il visait le vide.
Le vide.
La cave avait disparu, il ne restait plus que les contours des meubles. Les siens. Ceux de son appartement.
Ce n'était qu'un cauchemar. Un de plus.
Le cœur battant, en sueur, la jeune femme mit de longues secondes avant de baisser son arme. Elle n'avait plus confiance en rien. Chaque bruit lui rappellait les pleurs et les hurlements, chaque odeur lui remémorait celle, putride, de sa prison.
Un déclic. Soudain.
Emily prit conscience que parler à ce psychiatre était sa seule chance. Se confier à lui pour qu'il la laisse reprendre son travail et qu'enfin ses journées soient occupées à autre chose qu'à remuer encore et encore ces instants qu'elle aurait aimé enfermer au fond de sa mémoire.
Elle se leva rapidement, attrapa sa veste et sa béquille et sortit aussitôt de l'appartement. La route lui sembla longue jusqu'au bureau et plusieurs fois l'envie de faire demi-tour s'imposa en elle. Mais elle n'avait pas le choix. Elle devait donné ce que ses supérieurs attendaient d'elle pour espérer retrouver sa vie d'avant.
Morgan et Reid furent étonnés de la voir de nouveau passer la porte à peine deux heures après son départ. Il fallait dire qu'avec sa peau livide et ses cernes, elle devais faire peur. Mais la jeune femme s'en fichait. Lorsque sa plaque et son arme de service seraient de nouveaux accrochés à sa ceinture, tout irait bien.
Enfin...
Son regard se porta malgré elle au bureau de J.J, en haut des escaliers. Elle ignorait le retour d'Emily et restait concentrée pour terminer d'emballer ses affaires.
Et dire que rien ne serait arrivée si...
- Emily ? La brune se retourna pour faire face à Garcia. Elle la regarde, à mi-chemin entre l'étonnement et la compassion, un énorme kiki rose dans les cheveux qui allait parfaitement avec la couleur de ses lunettes.
- Je me doutais que tu reviendrais dès que tu apprendrais, murmura l'informaticienne.
-
Que j'apprendrai quoi ? Prise au dépourvue, Garcia balbutia quelques secondes et montra Jennifer du doigt.
- Et bien que J.J...Et bien...
- Quoi Garcia ? répéta Emily d'un ton pressant.
- J.J a démissionné, avoua enfin la rousse.
Elle part pour le Pentagone dans une semaine. Son sang ne fit qu'un tour. Elle ne prit pas la peine de remercier Garcia pour cette information et monta aussi vite que possible les escaliers pour atteindre le bureau de J.J, dont elle ouvrit violemment la porte.
- Tu comptais me l'annoncer ou attendre d'être arrivée au Pentagone pour le faire ? Jennifer, surprise et déconcertée par son entrée, resta muette quelques secondes, la main toujours levée comme elle emballait ses affaires.
Comment Emily avait-elle pu être assez naïve pour croire que toute cette histoire n'aurait aucune conséquences !
-
Emily écoute...
- Non ! Tu m'as menti J.J. Tu m'as dis que tu étais suspendue alors qu'en réalité tu as préféré démissionner !
- Je n'avais pas d'autre choix ! rétorqua-t-elle en se redressant.
Qu'est-ce que j'aurais dû faire selon toi ? Rester ici, reprendre mon travail comme si de rien n'était et oublier ce qu'il s'est passé ? Ou bien admettre la vérité et te voir renvoyer par ma faute ? C'était hors de question !
- Admettre quelle vérité ? Personne n'est au courant de ce qui s'est passé dans cette cave ! J.J balança furieusement le dossier qu'elle tenait à la main dans un des cartons et s'appuya contre le bureau. Elle semblait si épuisée, à bout de force. Ses yeux bleus fixaient le vide. Sans doute cherchait-elle à expliquer.
Emily aurait tellement voulu lui venir en aide à cet instant, la prendre dans ses bras, mais elle se força à ne rien faire et attendit patiemment qu'elle trouve ses mots.
- Strauss a reçu anonymement un enregistrement de ce jour-là, annonça-t-elle finalement d'une voix brisée.
- Ça ne prouve rien Jennifer...
- Au contraire ! Elle se redressa.
Emily savait qu'elle avait raison et que cette vidéo avait le pouvoir de détruire leurs deux carrières si des explications étaient demandées. Mais elle se sentait tellement en colère contre J.J pour avoir décidé seule...Pour avoir pris la décision de sacrifier sa place au sein de l'équipe pour qu'elle puisse conserver la sienne. C'était Emily l'origine des atrocités qu'elle avait subit et elle endossait à nouveau le mauvais rôle pour avoir forcé J.J à quitter le F.B.I.
La blonde s'aperçut de son soudain état de détresse, qu'elle tentait tant bien que mal de cacher, car son visage s'apaisa aussitôt. Lentement, elle s'approcha d'Emily, jusqu'à prendre sa main dans la sienne et la force gentiment à relever les yeux vers elle.
- C'était mon choix, Emily, dit-elle à voix basse.
Et si je devais le refaire, je déciderai la même chose. Parce que ce qu'il y a sur cet enregistrement... Un sourire nerveux passa furtivement sur ses lèvres.
- Parce que c'est vrai. J'en pense chacun des mots.
- Si tu pars c'est à cause de moi. Et voilà. Emily aurait dû être heureuse d'entendre ces mots mais elle se renfermait une fois encore dans sa coquille pour ne rien laisser paraître. Elle dressa un mur entre elles, n'ayant plus la place que pour la colère. Envers J.J, envers elle-même. Envers leur supérieure, Strauss, et surtout envers Conelly. Tout ce qui arrivait était de sa faute.
Et c'était à la jeune femme de mettre les choses au clair une fois pour toute.
Jennifer ne serait pas la seule à se sacrifier.
D'un pas décidé, sans même lui adresser une parole ou un regard, Emily se détourna d'elle et sortit de son bureau pour se diriger vers un autre.
Une plaque arborant le nom de Aaron Hotchner brillait sur le bois d'acajou.
- Monsieur ! Il faut que je vous parle, intervint l'agent en se dressant devant lui.
Surpris, son chef n'eut pas le temps de répliquer. Elle claqua la porte avec force et se planta devant lui.
- J.J n'est pas la seule fautive dans cette histoire, annonça-t-elle.
Et je vais prendre mes responsabilités. Je vais tout vous dire. Je vais vous raconter tout ce qu'il s'est passé avec Conelly. Hotchner hocha la tête. Il venait de comprendre qu'Emily n'accepterait de parler qu'à lui, et qu'elle allait assumer les conséquences de ses actes.
D'un signe de la main il l'invita à s’asseoir devant lui.
- Emily, débuta-t-il d'une voix grave.
Tu es consciente que, même si tu fais partie de mon équipe, le fait de me raconter ce qu'il t’ai arrivé sans même passer par un psychiatre me forcera à prendre des décisions définitives ? Ici le secret professionnel n'existe pas.
- J'en suis consciente. Et je suis là pour ça, Monsieur. Il baissa le regard un instant, comme pour lui laisser le temps de s'échapper, mais sa décision était prise.
- Très bien, reprit-t-il en relevant les yeux. Alors je t'écoute.