Chapitre 2
L’avion décolla sans encombre moins d’une heure après que l’équipe quitta la salle de briefing. Ils s’assirent les uns en face des autres. Ils commencèrent à parler de l’affaire, mais au fond d’eux ils savaient qu’ils ne pourraient établir aucun profil du tueur avant qu’une autre personne ne soit tuée. C’était probablement ce qu’il y avait de plus difficile dans leur boulot, le fait d’attendre la mort pour pouvoir enfin aider les polices locales. Ils essayaient de ne pas y penser, mais comment pouvaient-ils ?
Read restait silencieux et lisait tranquillement. Morgans observait les photos de la scène de crime et ne pouvait se retenir de s’identifier à ce garçon. Il avait à peut près le même âge quand lui-même avait été abusé sexuellement, mais il ne montrait rien de ces sentiments. A quoi bon ? Il savait que chacun des membres de l’équipe avait sa part d’ombre dans son passé qui les avait poussé à devenir profiler.
« Ce meurtre pourrait être l’œuvre d’un tueur qui a voulu masquer son crime en copiant celui d’un autre, pensa à voix haute Morgans.
- C’est possible, on en sera plus en arrivant. En attendant ne supposons rien. Il ne s’agit peut-être pas d’un copycat. S’il y a une deuxième victime, il nous sera possible de faire la victimologie. Pour le moment nous ne disposons que de peu d’éléments.
- Pourquoi a-t-il poser ce livre ? demanda Read s’en vraiment attendre de réponses.
- Qu’est ce que tu veux dire ? L’interrogea Morgans surpris.
- Pourquoi copier le meurtre de Bonin et poser ce livre ? Bonin a lui-même écrit un livre « histoires de l’esprit d’un condamné à mort » publié en 1991. Dans le livre qu’il a posé il n’y a que deux histoires racontées par Bonin. La première raconte l’histoire d’un garçon de 12 ans qui doit s’occuper de lui-même, car sa mère n’est jamais à la maison. La seconde présente l’histoire d’un jeune adolescent abandonné par ses parents, qui fait de l’auto-stop sur les autoroutes et se retrouve finalement l’esclave d’un homme violent, mais est libéré par un autre adolescent. Le choix de ce livre n’a aucun sens… » conclut-il restant songeur.
Les autres n’ajoutèrent rien et le reste du vole se passa dans le silence, chacun accaparé par leurs propres impressions sur l’affaire, par la crainte qu’un autre enfant soit retrouvé.
Arrivé à Youngstown, ils furent accueillis par l’inspecteur Faris qui les conduisit aussitôt sur les lieux où ses hommes et lui-même avaient retrouvé le corps de l’adolescent. Des rubans jaunes entouraient toujours à la benne à ordure.
« Il était dedans, ce sont les éboueurs qui l’ont trouvé. Son pied dépassait légèrement. Ce pauvre gosse. Quand on a vu le livre on a pensé qu’il pouvait s’agir d’un copycat. Youngstown est généralement une ville tranquille. Elle n’a pas besoin d’avoir un tueur en série qui s’en prend à de jeunes garçons. »
Morgans le regarda un instant mais préféra ne pas répondre.
« Que pouvez-vous nous dire sur la victime, Steeve Davis ? demanda Hotch.
- C’était un gosse un peu pommé. Il a été arrêté plusieurs fois en possession de drogues, mais il n’est jamais allé en prison. Son père est un avocat renommé, si vous voyez ce que je veux dire.
- Oui je vois. Nous souhaiterions interroger la famille et la vieille dame qui était à l’arrêt de bus, si cela ne vous dérange pas, continua Hotch.
- Bien sûr, un de mes agents vont vous conduire. Vous voulez sans doute voir où le gosse vivait. Quand pourrez-vous faire un profil ?
- Nous ferons ce que nous pouvons, » répondit Hotch en cachant sons aversion pour ce policier.
Il ne voulait pas avouer à l’inspecteur qu’ils n’avaient pas assez d’éléments pour établir un profil sûr. Il n’était même pas certain que ce soit l’œuvre d’un tueur en série. Morgans avait peut-être raison. Il était possible que la mise en œuvre du crime ne soit qu’un maquillage.
Il se retourna pour faire fasse à son équipe. Morgans semblait soucieux.
« Je vois qu’il y a beaucoup de voiture qui passe. Cette route est-elle aussi fréquentée la nuit ? demanda-t-il.
- Oui, ça nous a surpris aussi. Il y a un centre commercial juste derrière avec un cinéma. Il n’était peut-être pas du coin.
- Ou il voulait se débarrasser du corps le plus vite possible. Pourtant la manière dont il a kidnappé l'enfant et la manière dont il l’a tué en reprenant le moindre détail des meurtres de Bonin montre qu’il est très organisé.
- Tu penses que c’était son premier meurtre ? » demanda Hotch.
Morgans ne répondit pas, il ne savait pas. Il avait l’intuition que le tueur allait recommencer mais il n’avait aucune preuve. Hotch avait raison, ils n’avaient pas assez d’éléments pour faire un profil. Si la police ne retrouvait pas une autre victime, il serait impossible de l’arrêter.
Le téléphone de l’inspecteur Faris sonna. Lentement il décrocha.
« Oui… Quand ?...Je suis avec les profileurs… Nous arrivons. »
Il resta un instant silencieux. Il avait redouté ce moment mais c’est pour cette raison qu’il les avait fait venir.
« Mes gars on trouvé un autre corps. D’après ce qu’on sait, il s’agit du petit Damon Rixe. Il a disparu hier dans la soirée. On n’avait pas fait le rapprochement, car le gosse n’a que 12 ans. Son père est un alcoolique et ce n’est pas la première fois qu’il fugue, tenta-t-il de se justifier, plus pour lui-même que pour les agents en face de lui.
- Comment est-il mort ? Demanda l’agent Hotchner.
- Comme celui-ci, il a été frappé, violé à l’aide d’un objet et étranglé avec son pull. Ce n’est pas très loin d’ici, c’est à une sortie de l’autoroute 680, un peu plus bas vers le sud. »
Il se tue. Il se demandait comment il allait pouvoir annoncer aux parents que leur enfant était mort. Il s’en voulait de ne pas avoir fait le rapprochement et de ne pas avoir tenu compte des supplications de la mère. Il essaya de faire disparaître cette vision mais en vain.
Lorsqu’ils arrivèrent à la nouvelle scène de crime, l’enfant avait été retiré de la benne et posé à même le sol. Il semblait si jeune, si innocent.
Read fit un pas en avant pour récupérer le livre posé près de la bennes à ordure. C’était le même que le premier mais des pages avaient été arrachées. Les deux histoires de Bonin avaient été enlevées. Cela ne signifiait rien de bon.
« Il a arraché les pages de Bonin, annonça-t-il à l’équipe.
- Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda l’inspecteur Faris.
- Soit il a terminé son œuvre, ce qui ne correspond pas au profil, soit il se sert de ce livre comme d’un manuel pour tuer, expliqua Reid.
- Je… Je ne comprends pas, begaya L’inspecteur Faris.
- Ce que l’agent Read veut dire c’est qu’il a finit avec les meurtres de Bonin et qu’il va probablement continuer avec les autres.
- Mais il y a 37 tueurs en séries qui ont écrit dans ce bouquin !! Répliqua l’inspecteur Faris.
- Nous le trouverons, » tenta de la rassurer Hotch.
La suite bientôt