Les petites mariées

Chapitre 6

Emily roulait tranquillement malgré l'esprit torturé et tendu de sa passagère. Aucune des deux femmes ne parlaient, doutant de ce qui adviendrait si l'une d'elle brisait ce précieux silence. Alors qu'elle tournait à l'angle de la rue des Maxwell, elle pu voir Kacey Benson et Charles Maxwell, sur le trottoir, se hurlant dessus. Elle se gara, ce qui les surprit dans leur dispute.

« Bonjour Mr Maxwell … » dit-elle froidement.

Il la salua d'un signe de main avec un sourire crispé, assurant que Kacey allait s'en aller. Celle-ci approuva et essuya d'un revers de sa manche sa joue trempée de larmes. Mais l'agent Prentiss lui attrapa le bras en lui intimant l'ordre, d'une voix calme, de rester avec elle. Kacey s'immobilisa alors.

« Votre femme et votre fils sont-ils là ? » demanda t-elle à l'intention de Charles Maxwell.

Sa femme s'était absentée mais Matthew était bel et bien là, dans sa chambre, il regardait de vieux albums photos. Gilly l'y rejoignit tandis qu'Emily appelait Hotch, lui proposant de venir pour interroger le « couple » qui s'était disputé à l'instant. Il assura qu'il arrivait sur le champs avec Morgan. Et il s'écoula à peine quelques minutes avant que les deux hommes ne viennent. Kacey s'était assise sur le sofa et Charles, quant à lui, était resté debout, adossé au mur, proche de la cheminée. Emily les surveillait du coin de l'œil, jusqu'à ce que ses collègues n'entrent dans la pièce.

« Salut Princesse !

- Salut, bon je vous laisse ces deux là. Je vais m'occuper de Gilly ? »

Elle s'apprêtait à se rendre dans la pièce voisine où se trouvait Matthew et Gilly quand elle entendit Charles dire :

« Gilly ? Gilly Austin ?

- Ce n'est pas possible ! Ajouta Kacey.

- Bonjour ! S'écria une voix dans l'entrée. Je suis rentrée. »

Ruby fit irruption dans la pièce tandis qu'Emily entrait dans l'autre pour aller interroger Gilly.

« Qu'est-ce que vous faîtes chez moi ? Demanda Ruby surprise.

- Mme Maxwell, nous sommes venus ramener la fiancée de votre fils. Et nous avons surpris votre mari en pleine dispute avec cette jeune femme. »

Mais Ruby ne répondit pas. Ses yeux sortirent de ses orbites, elle fixa Kacey avant de regarder son mari.

« Tu m'avais promis …

- Ruby, je suis désolé.

- Désolé ? Tu m'avais promis que toi et elle, c'était finit !

- Finit ? Souffla Morgan. Donc vous aviez bel et bien une liaison ? »

Kacey baissa la tête et Charles ne répondit pas. Son épouse s'en chargea.

« Il y a un an et demi, j'ai découvert qu'il couchait avec sa petite pétasse d'étudiante. Pourquoi ? Parce qu'elle est belle, qu'elle a beaucoup de charme, qu'elle le drague à longueur de journée et qu'en plus, elle sait s'y prendre cette vipère. Je lui ai dit d'arrêter ou je le mettais à la porte, il s'est écrasé ce connard et il a soi-disant mit un terme à cette foutue relation ! Mon cul ouais !

- Ruby ...

- Ta gueule Chuck ! Pour une fois dans ta vie, assume, merde ! »

Le silence se fait, derrière Ruby, la porte de la pièce où se trouve Gilly, Matthew et Emily s'ouvre. Une voix s'élève, c'est Gilly qui prend la parole :

« Commencez par assumer vous même ! C'est vous qui avez mis le feu au cinéma il y a de cela 13 ans, c'est vous Mme Maxwell. »

Ruby se retourna aussitôt et tout le monde tourna la tête dans la direction de la jeune fille qui l'accusait.

« Ce soir là, où vous avez dit à mes parents que Matthew ne viendrait pas, je vous ai entendu parler de moi chez vous, une fois seuls. Vous ne me trouviez pas assez bien pour Matthew, et quand il vous a dit qu'on était amoureux, vous êtes entré dans tous vos états et vous avez strictement interdit à Matt de venir au cinéma avec moi ! Donc j'y suis allée, mais je suis sortie pendant la séance pour prendre l'air. Et je vous ai vu, avec un bidon rouge à la main, de l'essence j'imagine. Vous le vidiez et vous allumiez une cigarette que vous y jetiez une fois bien éloignée. En voulant me sauver à mon tour, j'ai senti les flammes effleurer ma nuque, et j'ai encore la cicatrice sur le cou de cette brûlure. »

Mme Maxwell ne dit rien. Elle regarda la jeune femme qui l'accusait.

« Mme Maxwell, je crois que tout a été dit. Veuillez nous suivre. » dit Morgan en s'approchant d'elle.

Mais Ruby, fit un geste brusque l'interdisant de venir dans sa direction, puis elle sauta sur Gilly avec une violence inouïe.

« Je savais ! Je savais que tu n'étais pas morte ! J'aurais mieux fait de te chercher dans les décombres au lieu de me faire à l'idée que tu avais brûlé comme la misérable sorcière que tu es ! »

Morgan et Prentiss la calmèrent et la menottèrent. Et tandis que tous la regardèrent, ils la sortirent de la maison et l'emmenèrent, quant à Hotch. Il resta pour parler à Kacey et Charles mais avant, appela J.J pour l'en mettre au courant.

« Merci Hotch. » dit-elle avant d'expliquer tout à Reid.

Mais celui-ci ne parut pas satisfait.

« On a résolu deux grands mystères, mais il reste l'enquête pour laquelle on est venu et si ça continue comme ça … »

Dave fit irruption dans la pièce.

« Reid, J.J ! On a retrouvé le corps de Makenzie Neil … »

Chapitre 7

Elle était belle la petite Makenzie Neil dans une robe blanche, un voile sur le visage, un visage d'ange fermé à tout. Ses yeux clos et son visage serein, ou pas … L'équipe s'était rendue dans la forêt où elle avait été enlevée. Le cercueil, les mêmes vêtements … Reid et J.J se penchèrent au dessus du corps, cachant leur dégoût. Gilly, Hotch, Morgan et Prentiss arrivèrent une trentaine de secondes plus tard.

« Elle est morte depuis combien de temps ?

- D'après la température, entre 10 et 12 heures.

- Et qu'est-ce que c'est que tout ces draps ? » Demanda Reid à l'inspecteur.

Il désignait de multiples draps éparpillés sur le sol, des formes se dessinant en dessous. L'inspecteur fit signe à quelques personnes de soulever les draps. Il y avait là quatre fillettes, en robes de mariées, conservées incroyablement bien.

« Dîtes-moi que c'est pas vrai …

- Malheureusement si. Ce monstre a tué de nombreuses fillettes dans cette ville.

- Très bien. On va retourner au bureau, vous emmenez les corps. Docteur ?

- Oui ? Fit Gilly en se retournant.

- J'aimerais que vous vous occupiez de Makenzie Neil d'abord. Il a peut-être fait une erreur cette fois … »

Elle acquiesça, ravala sa salive et demanda un peu d'aide. L'équipe remonta dans la voiture et repartit.
Dans la salle qu'ils occupaient, ils s'étaient tous installés, n'avaient strictement rien dit et s'étaient contentés de se regarder.

« On s'est trop concentré sur Gilly et les autres. On en a oublié l'affaire …

- On n'a même pas fait le profil du tueur.

- De toute évidence, il a plus de 30 ans.

- On a écarté les moins de 50 ans aussi.

- Pourquoi on a fait ça d'ailleurs ?

- Parce qu'on pensait que Peggy-Ann n'était pas sa première victime.

- J'ai de l'ADN ! »

Gilly entra en trombe.

« Pardon ?

- L'heure de la mort était différente car elle a été conservée dans une pièce froide, je l'ai vu à cause de ...

- Passez au plus important, on risque d'avoir d'autres cadavres sur les bras.

- Bien. J'ai trouvé de l'ADN sur le corps de Makenzie. Il ne s'est pas protégé cette fois.

- Il était énervée, elle avait réussi à appelé sa mère et elle allait le dénoncer.

- J'ai fait analyser, les résultats devraient parvenir bientôt. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le téléphone de Morgan sonna.

« Salut ma poupée ! Des nouvelles ?

- Allumez l'ordinateur mes anges ! »

Reid s'en chargea. Tout le monde s'entassa derrière lui pour voir Garcia et les informations qu'elle leur envoyait.

« L'ADN appartient à Omar Jenkins. Il a 49 ans. Aujourd'hui il est divorcé et il avait une petite fille qui s'appelait Shirley, elle est morte elle avait 7 ans, violée puis étranglée par un pervers.

- Et ce pervers est encore en vie ?

- On ignore si c'était bien Jackson Miller, le suspect principal. En revanche, il a disparu après que Jenkins ai apprit, à cause d'une bavure policière, qu'il était soupçonné.

- Il l'aura sans doute tué.

- Jenkins habite la maison voisine des Austin.

- Oui, je le connais ! Dit Gilly. Il nous offrait des bonbons à Peggy-Ann et à moi lorsque nous étions petites.

- Et il y vit encore ?

- Oui.

- Une famille avec lui ?

- Il y a Marcia Jenkins, sa fille qui est apparu d'on ne sait où.

- Très bien. Merci Garcia.

- Ce fut un plaisir ! Dit-elle avant de couper le contact.

- On va chez Omar Jenkins maintenant. »

Chapitre 8

Morgan frappa à la porte. Ce fut une jeune femme qui ouvrait la porte. Elle l'entrouvrit un peine, ne laissant voir que son visage blanc et ses yeux noisettes. Elle avait aussi de très beaux cheveux roux.

« Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

- Vous êtes Marcia Jenkins ?

- Oui.

- Nous sommes du FBI, je suis l'agent Morgan et voici les agents Hotchner, Prentiss, Rossi, Jarreau et Reid.

- Enchantée.

- Nous aimerions parler à votre père. »

Elle hésita. Puis ouvrit la porte au maximum.

« Entrez. »

Avant de s'exécuter, ils baissèrent tous les yeux sur le ventre de l'adolescente. Il était énorme, elle était enceinte … Puis lorsqu'ils furent dans la maison, elle referma la porte et leur demanda de patienter dans le salon. Puis elle appela Omar qui descendit tout de suite. Les présentations furent faîtes.

« Nous aimerions vous poser des questions … séparément. Morgan, Prentiss et Reid, allez à la cuisine avec Marcia. »

Et l'adolescente leur montra le chemin. Elle s'installa à une table et eux en face.

« Vous êtes enceinte de combien de mois ? Demanda Emily.

- 8 mois. C'est pour bientôt.

- Je vois. Garçon ou fille ?

- Je ne sais pas encore, je préfère attendre.

- J'avais voulu aussi.

- Vous avez des enfants ? »

Emily sourit. Morgan et elle se jetèrent un bref coup d'œil.

« Une fille.

- Quel âge a t-elle ?

- Elle a 10 mois.

- Et comment elle s'appelle ?

- Susy.

- C'est mignon !

- Merci. Qui est le père de votre bébé ? »

Marcia changea de couleur. Elle baissa les yeux avant de dire en tentant un petit sourire.

« Une relation d'un soir, je ne me souviens plus … »

Reid la dévisagea quelque peu, analysant son regard. Il tenta vainement de cerner son personnage rien qu'en la regardant.

« On a entendu dire que vous étiez arrivée sans que personne ne sache d'où vous venez, vous êtes bien la fille d'Omar Jenkins ?

- Oui. Il m'a eu … avec … une prostituée. »

Elle mentait si mal.

« Vous mentez mal, Marcia, dit Morgan.

- Excusez-moi ?

- Vous savez très bien qui est le père de l'enfant, vous avez peur de nous le dire. Et vous n'êtes pas la fille d'Omar … cela se voit clairement sur votre visage. Je ne suis pas expert en mensonges mais je vois clair dans votre jeu.

- Et moi je ne comprends rien du tout.

- Quel âge avez-vous, Marcia ? Demanda Reid.

- 17 ans.

- Non, ça je ne crois pas.

- D'accord, d'accord … »

Elle leva les mains pour leur demander de calmer le jeu. Elle répondit alors à Reid.

- J'ai 14 ans … je suis juste en avance sur mon âge.

- Bien sur … vous avez 14 ans, vous êtes enceinte ! S'exclama Emily.

- Et de surcroit … ce bébé est celui d'Omar.

- Je vous demande pardon ?

- Avouez-le ...

- Bon d'accord … c'est vrai. »

Elle soupira.

« Morgan. »

Emily n'eut pas à rajouter quoique ce soit, il se leva et changea de pièce. Reid et Emily demandèrent à la jeune femme de se lever et ils lui prirent chacun un bras, et suivirent Morgan.

« Omar Jenkins. Je vous arrête pour abus sur mineur de moins de 15 ans.

- Quoi ?

- Vous avez très bien entendu. C'est vous qui avez mis cette jeune adolescente enceinte !

- C'est ridicule ! Je ne ferais pas ça à mon propre enfant !

- Marcia n'est pas votre fille, vous mentez !

- Marcia, dit-leur qu'ils ont tort.

- Je suis désolée Omar, j'ai tout dit. »

Chapitre 9

« Marcia, on a besoin de votre aide. Il va violer et tuer d'autres enfants lorsqu'il sera de nouveau dehors. Qu'est-ce que ça vous fait lorsque vous pensez à ça ?

- Je … je n'imagine pas le père de mon bébé faire une chose pareille. »

C'était comme ça depuis des heures et des heures, avant, ça avait été la même chose pour Omar. Mais aucun des deux n'avaient cédé. Reid était dans la même pièce avec Morgan. Il prit soudainement la parole :

« Vous aussi il vous a enlevé n'est-ce pas ?

- Non, non ...

- Il vous a violé puis il s'apprêtait à vous tuer quand il s'est aperçu qu'il tenait à vous. Il vous a gardé et vous a fait passer pour la fille qu'il avait eu avec une prostituée.

- C'est faux !

- Reid, Morgan. » appela J.J.

Ils sortirent de la pièce, refermèrent la porte.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

- Gilly a trouvé encore de l'ADN sous les ongles de Makenzie … et il est impossible que Omar ai tué les fillettes, il les a violé mais il ne les a pas tué.

- A qui appartient l'ADN sous les ongles de Makenzie ?

- A une fillette portée disparue depuis 7 ans, son ADN avait répertorié grâce à quelques cheveux pris sur sa brosse.

- Son nom ?

- Iris Stefans. Elle aurait 14 ans aujourd'hui.

- Tu veux dire que ...

- Marcia est en vérité Iris Stefans. Et je crois qu'elle a un rapport avec la mort des filles … »

Morgan rentra dans la pièce.

« Que se passe t-il ? »

Il fit le tour de la table, tourna la chaise de la jeune femme vers lui se pencha et murmura à son oreille :

« Si vous voulez que votre bébé naisse hors de prison, vous avez intérêt à me dire le rapport que vous avez avec les fillettes assassinées. »

Elle tourna la tête de façon à se retrouver front contre celui de l'agent Morgan. Leurs lèvres très proches, elle sourit et dit :

« Vous ne feriez pas ça. N'avez-vous pas envie de vous amuser un peu, agent Morgan ? Je suis disponible s'il le faut. »

Emily, derrière la vitre, s'énervait.

« C'est vous ? C'est vous qui avait enlevé les fillettes, vous les avez fourni à ce monstre et dés qu'il les a violé vous les avez tué. Comme pour le tueur de Peggy-Ann, n'est-ce pas Iris ?

- Oh vous avez trouvé ça tout seul agent Morgan ? Vous l’avez aidé vous ? »

Elle tourna la tête vers Reid, s’appuya sur la table et s’approcha le plus près possible de lui.

« Dr Reid ? »

Morgan la rattrapa par les épaules et la força à se remettre droite sur sa chaise.

« Ne me forcez pas à m’énerver.

- Vous crieriez sur une enfant ? Une femme enceinte ?

- Vous êtes un monstre …

- Tout de suite les grands mots. Je suis moi … petite, j’arrachais joyeusement les aîles des papillons et des mouches. J’écrasais les arraignées sans scrupules, et je faisais prisonnière une abeille juste pour le plaisir de la voir mourir d’asphyxie ! A 9 ans, je me suis mis à des proies plus grosses … donc moins faciles. Le chat paresseux de ma voisine par exemple … j’ai vidé une boîte d’aiguilles de couture dans son panier, vous pouvez être surs qu’il a couru cette fois. »

Elle se mit à rire. Derek attrapa son bras et la souleva.

« Je vous arrête.

- Et bien arrêtez moi ! Advienne que pourra ! »

Prentiss ne pu tenir une minute de plus derrière cette vitre, elle sortit avant que Morgan ne sorte l’adolescente de là.

Epilogue

Emily était debout devant le lit de Susy. Elle regardait la petite dormir, un sourire sur les lèvres. Derek quant à lui, était debout à côté d’elle.

« Elle est trop mignonne … »

Pour toute réponse, il acquiesça. Voyant l’enfant dormir à poings fermés, ils quittèrent la chambre de la petite et fermèrent la porte en silence avant de se glisser dans la chambre voisine. Emily s’assit … Lorsqu’il la vit ainsi, Derek se douta que quelque chose occupait son esprit :

« Qu’est-ce qu’il y a ?

- Non, rien … je pensais à … »

Elle agita la main au niveau de sa tête, comme pour finir sa phrase sans dire un mot.

« A ?

- A ce que j’aurais ressenti si il était arrivé la même chose à Susy …

- Emily … »

Morgan s’assit sur le lit à côté d’elle, la serra contre lui.

« Ne te tracasse pas avec ça … ça n’est pas arrivé, ça n’arrivera pas.

- J’imagine, oui … mais, si ça devait arriver …

- Rien ne lui arrivera … tant que je serais son père, et crois moi, c’est pas demain la veille que ce dernier fait changera. »

Elle sourit.

« Oui, ça je sais.

- Alors tout va bien.

- Oui … oui tout va bien. »

Elle posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux, malgré les paroles de Derek, elle ne se sentait pas plus rassurée qu’avant. A juste titre ? Peut-être, peut-être pas … mais qu’importe. La fillette était en sécurité, pour l’instant, et il ne fallait pas qu’elle prenne peur.
Tout irait bien à Quantico … du moins jusqu’à une prochaine enquête plus traumatisante encore.