Bonjour à tous et à toutes. Après quelques hésitations et la peur au ventre
, je viens vous poster un OS que j'avais écris au début de la saison 6 ( la saison en cours donc ) de la série " Mentalist " avant la fin de John le Rouge ( je ne connaissais donc pas encore son identitée ) pour les connaisseurs et donc juste avant la fuite de Jane. Maintenant je file vite me cacher dans un trou de souris en attendant votre sentence
. Bonne lecture à vous.
EXILJe jette un dernier regard à l'homme, que dis-je, au monstre à qui j'ai enfin ôté la vie. John le Rouge, ou devrais-je plutôt dire Ray Haffner, gît à mes pieds dans une marre de sang, un trou béant dans la poitrine. Soudain, je sens une main se poser sur mon bras, m'incitant inexorablement à tourner la tête, et me retrouve face à ma douce Teresa, son regard plongeant dans le mien comme pour me supplier de lui dire que tout ceci n'est qu'un horrible cauchemar et qu'elle va se réveiller. Elle baisse alors les yeux vers mes mains, constatant que je tiens encore l'arme du crime et les relève lentement pour les ancrer à nouveau dans les miens. Elle semble hésiter à faire ce que lui dicte son rôle d'agent du CBI, à me passer les menottes comme elle le devrait. Je sens alors que c'est à moi de prendre une décision, aussi difficile soit-elle, afin de lui épargner la douloureuse tâche de procéder à mon arrestation. Mon fusil tombe bruyamment sur le sol tandis que ma main approche son visage, caresse tendrement sa joue et essuie la petite perle salée qui vient de lui échapper tandis que je lui offre le plus intense, le plus chaleureux et le plus pénétrant des regards. Ma main toujours sur sa joue, je me penche vers elle et pose délicatement mes lèvres sur les siennes un court instant. Le temps d'un adieu aussi bref que silencieux.
Je hais les adieux...Les mains agrippées a mon volant, le regard perdu dans le vide, je roule à vive allure vers l'inconnu, vers une nouvelle vie que je hais déjà. J'entends au loin les sirènes des voitures de police qui arrivent probablement sur la scène de crime. Sur la scène de MON crime. Mais en est-ce vraiment un finalement ? Peut-on réellement me reprocher d'avoir débarrassé la Californie de son tueur en série le plus prolifique ? Et la justice, peut-elle encore se permettre de me blâmer alors qu'elle-même est au cœur d'un scandale ? Depuis la mise au grand jour de cette organisation secrète, de nombreuses têtes ont commencées à tomber. Bertram, le Shérif Mcallister, Reed Smith.... Mais en cet instant, je n'ai que faire de tout ça... Toutes mes pensées sont tournées vers une seule et unique personne... Elle me manque déjà et savoir que je ne la reverrai peut-être jamais me déchire le cœur... Je ne sais pas où je vais ni ce qui m'attends mais je sais ce que je laisse derrière moi... A cette pensée, une larme glisse le long de ma joue, puis mon cœur se serre... Comme si on le comprimait dans un étau... De plus en plus fort... Le souffle commence à me manquer, j'ai l'impression d'étouffer, d'avoir un poids énorme sur la poitrine... Mes mains sont moites, je tremble de tous mes membres, j'ai la sensation de tomber dans un puits sans fond... Ma tête tourne, j'ai la nausée...
Il faut absolument que je sorte de cette voiture ! Je m'arrête à peine que je suis déjà dehors, le dos courbé, à vomir mes tripes dans la poussière...
Ne sentant plus la chaleur de ses lèvres contre les miennes, j'ouvre les yeux et constate ce que je redoutais tant : ce baiser furtif était un adieu... J'entends une portière claquer, puis une voiture démarrer en trombe... Je connais le bruit de ce moteur... Je cours vers la porte, l'ouvre et me rue dehors mais il est trop tard... Les phares de la DS disparaissent déjà dans la nuit naissante, emportant mon cœur vers je ne sais quelle contrée lointaine... Je tombe à genoux, hagarde, comme vidée de toute émotion... Je n'arrive pas à verser la moindre larme, à avoir la moindre réaction... Des véhicules arrivent toutes sirènes hurlantes et se garent à quelques mètres de moi... Des hommes armés jusqu'aux dents sortent d'un fourgon et s'élancent sans attendre vers la maison, théâtre de la fin de John le Rouge. Qu'espèrent-ils en donnant l'assaut maintenant ? Ils arrivent trop tard... Soudain, je sens une main sur mon épaule mais je ne parviens pas à bouger, à relever la tête pour voir de qui il s'agit...
- " Patron ? Est-ce que ça va ? " me demande Cho dont l'inquiétude transpire dans la voix.
- " Il est parti... " réussis-je seulement à lui répondre. Il est parti...
Celui qui est, sans aucun doute, mon meilleur agent, comprend immédiatement que je parle de Jane et que ce dernier à pris la fuite après avoir exécutée sa vengeance. Il m'attrape par les épaules et m'entraine jusqu'à sa voiture où il me fait monter doucement, sans un mot, et la contourne afin de s'installer du côté conducteur.
- " Il est parti... " prononce ma bouche à nouveau comme si je n'avais plus aucun contrôle sur elle.
Cho descend sa vitre pour adresser quelques mots à Rigsby, qui me jette un regard désolé, afin qu'il se charge de gérer la situation ici avec Grace pendant qu'il me ramène. Il lui explique que je suis en état de choc parce que Jane est parti...
- " Il est parti... " balbutie-je comme un robot tandis que les deux hommes se saluent.
Cho met alors le contact et prend la route pour me ramener chez moi. Je regarde l'asphalte défiler, figée sur mon siège, telle une poupée de porcelaine sans âme... Les kilomètres s'enchaînent et soudain, je sens mon cœur s'oppresser, comme si une enclume écrasait ma poitrine. J'ai l'impression de suffoquer, de manquer cruellement d'oxygène, je suis au bord de l'évanouissement. Des gouttes de sueur perlent sur mon front brûlant et des tremblements incontrôlables secouent mon corps. Et pour ne rien arranger, le maigre contenu de mon estomac menace dangereusement de remonter à la surface...
Il faut absolument que je sorte de cette voiture ! - " Arrêtez la voiture !!! Vite !!! " hurle-je à Cho qui s'exécute aussitôt.
Il s'arrête à peine que je suis déjà dehors, le dos courbé, à vomir mes tripes dans la poussière...
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Quelques heures plus tard....Après avoir parcourus d'interminables kilomètres, je me retrouve, sans trop savoir comment, à Tijuana au Mexique, sur le grand boulevard longeant le Pacifique, bordé d'Hôtels, de restaurants et de cafés aux enseignes lumineuses très colorées. Epuisé, aussi bien physiquement que moralement, je m'arrête sur le parking du premier café venu encore ouvert malgré l'heure très tardive, et j'y entre sans plus attendre. L'endroit est sobre et pas très spacieux mais semble très fréquenté. Je scrute la salle et repère rapidement une petite table libre dans un coin sombre un peu isolé.
Parfait pour noyer ma peine... Je m'y dirige donc et m'installe sur la chaise collée au mur avant de faire signe à un serveur pour qu'il vienne prendre ma commande.
- " Bonsoir Monsieur. Qu'est-ce que je vous sers ? " me demande-t-il en arrivant à ma hauteur.
- " En d'autres temps, je vous aurais commandé un thé mais ce soir j'ai besoin de quelque chose de fort. Apportez-moi un double scotch. Avec des glaçons. Merci. "
- " Bien Monsieur. " me répond l'homme avant de repartir vers le bar.
Quelques minutes plus tard, il revient, mon scotch sur un plateau, et le dépose sur la table avant de partir s'occuper d'autres clients. Je prends le verre et le porte alors à mes lèvres pour le délester d'une première gorgée qui me brûle le palais au passage, m'arrachant une légère grimace.
Il est vraiment fort ce scotch ! Je le repose où il était mais garde la main autour, comme un ivrogne qui aurait peur qu'on vienne lui voler sa dose indispensable d'alcool quotidienne. L'image est certes peu glorieuse, mais à l'heure qu'il est, j'ai une bien piètre opinion de moi-même. J'ai tué l'assassin de ma famille, accomplie ma vengeance, tenue ma promesse, je devrais me sentir mieux, libérer de ma culpabilité.
Mais qu'est-ce que je croyais ? Finalement sa mort ne m'a en rien soulagée, bien au contraire... Non seulement çà ne me les a pas ramenées, mais en plus je me suis vue dans l'obligation d'abandonner la plus belle chose qui me soit arrivée depuis leur tragique disparition... Tout en ruminant mes sombres pensées, je glisse ma main libre dans la poche intérieure de ma veste, jetée négligemment sur mon dossier, et en sort mon portable. J'ai déjà retirée la puce qui aurait pu permettre de me localiser et qui me permettait accessoirement de téléphoner, ainsi je peux toujours l'allumer pour regarder les photos qu'il contient.
Il ne me faut d'ailleurs que quelques secondes pour afficher la seule qui m'intéresse à cet instant. C'est une photo de ma chère Teresa, prise à son insu, lors de la dernière fête d'anniversaire de Cho, alors qu'elle arborait un magnifique sourire. Elle était si radieuse ce jour-là... Et d'une beauté époustouflante... Elle portait ce petit dos-nu sans manche vert d'eau qui faisait si bien ressortir ses yeux, et un pantalon slim blanc qui mettait parfaitement ses formes en valeur. Pour agrémenter sa tenue, elle avait choisit un maquillage léger, une jolie paire de boucles d'oreilles et un bracelet assortis à ses vêtements.
Qu'elle était belle ! Le merveilleux souvenir de cette soirée m'arrache inévitablement une larme que je me dépêche de faire disparaître avant d'avaler une seconde rasade de scotch. Alors que j'ai toujours les yeux rivés sur le visage de celle qui me manque déjà à en crever, une voix sortie de nulle part me sort de mes songes.
- " Cette femme est-elle insensée pour laisser un homme aussi séduisant se morfondre seul dans un bar ? " m'aborde une espèce de fausse blonde, un peu trop accroc au bistouri de toute évidence, en posant un regard presque méprisant sur la photo que je contemple telle une œuvre d'art.
- " Sachez, pour votre gouverne, qu'elle n'est pas responsable de ma présence ici et que vous aurez beau subir toutes les opérations de chirurgie esthétique que vous voudrez, vous ne lui arriverez jamais à la cheville ! " la rembarre-je aussitôt.
- " C'est pourtant bien sur sa photo que vos larmes s'écrasent. " continue-t-elle comme si elle n'avait pas saisit le message.
- " Bon écoutez Mademoiselle, ou Madame, peut importe, je ne voudrais pas être impoli mais tout ceci ne vous regarde pas. Alors je vous serais gré de bien vouloir me laisser maintenant. J'ai besoin d'être seul. " lui dis-je sur un ton plus clément, espérant la prendre par les sentiments.
- " Très bien. Comme vous voudrez. Mais je vous laisse mon numéro. Appelez-moi si vous avez besoin de compagnie. " me répond-elle en m'adressant un clin d'œil coquin tout en me tendant une petite carte de visite.
- " C'est inutile. Gardez-la. Je ne désire que sa compagnie à elle, mais ce n'est plus possible désormais. " l'éconduis-je avant d'ingurgiter une nouvelle lampée de liquide enivrant. " Allez-vous-en s'il vous plait. "
Mes dernières paroles semblent enfin l'avoir convaincue. Elle me lance un dernier regard un peu boudeur avant de s'éloigner et de disparaître comme elle était venue.
Bon débarras ! Je repose mes yeux sur ce doux visage qui me fixe sur l'écran de mon portable et soudain, je ressens un besoin viscéral d'entendre sa voix... Un vieux téléphone trainant sur le comptoir attire alors mon regard... J'avale le reste de mon verre d'une traite avant de me lever pour rejoindre l'appareil d'un autre temps, et la main tremblante, je colle le combiné contre mon oreille...
Il est parti... Je suis prostrée sur mon canapé, une bouteille de Chardonnet à la main, vêtue seulement de mon maillot fétiche... J'ai l'impression d'avoir entamée une descente sans fin vers les enfers... C'est tout ce que je mérite après tout... Je n'ai pas su le protéger, pas su le retenir... Je pose un doigt tremblant sur ma lèvre inférieure, comme pour empêcher le souvenir de sa bouche contre la mienne de s'évaporer tandis qu'une larme laisse une trainée humide sur ma joue... Une seule et unique larme qui semble avoir échappée à mes yeux restés désespérément secs depuis que Jane s'est envolé...
Jane, où êtes-vous ? Je veux croire qu'un jour il reviendra mais j'ai l'étrange sensation que ça n'arrivera pas... Que ça n'arrivera plus... Dans un geste de détresse, je porte la bouteille à mes lèvres et son contenu glisse lentement dans ma gorge, me procurant un vague sentiment de réconfort mais hélas de trop courte durée... Je replonge irrémédiablement dans l'obscurité de mon désespoir...
Ma chaine-hifi diffuse " More than Words " en boucle mais j'entends à peine les sons qu'elle me renvoie, je suis comme enveloppée par une bulle insonorisée, comme lorsque l'on fait de la plongée... J'ai l'impression que je coule inéluctablement dans les profondeurs abyssales sans que rien ni personne ne puisse m'aider à remonter à la surface... Je sombre tel le Titanic après qu'un iceberg lui ait fendu la coque... Sauf que moi, c'est mon cœur qui est déchiré... C'est mon cœur qui saigne... C'est mon cœur qui n'a plus la force de battre... Comment pourrait-il continuer alors que l'homme que j'aime est en cavale, dieu seul sait où, seul et probablement tout aussi perdu que je le suis moi-même ? Je l'entends encore prononcer ces mots face à ce sublime coucher de soleil " Vous ignorez ce que vous avez représenté pour moi. Ce que vous représentez pour moi. " .
Comment oublier une telle déclaration ? Une nouvelle dose d'alcool et je m'enfonce un peu plus dans les ténèbres... Je ne peux plus lutter... Je ne veux plus lutter...
Mais avant de commettre l'irréparable, j'ai besoin de voir son visage une toute dernière fois... Je me lève, tel un zombie et me dirige vers le porte-manteau où Cho a accrochée ma veste et fouille dans l'une des poches pour y trouver le portable que m'avait si habilement dérobé Jane... Je l'observe un instant, espérant qu'il n'ai pas regarder son contenu, qu'il n'ait pas découvert que je le prenais régulièrement en photo à son insu... Je glisse un doigt fébrile sur l'écran tactile et appuie sur l'icone représentant ma galerie de photos... Puis, je fais défiler les nombreux clichés immortalisant son inimitable sourire... Son si beau sourire... Soudain, je tombe sur ma photo préférée, celle que j'avais prise lors du dernière anniversaire de Cho... Il rayonnait ce jour-là... Et il était terriblement sexy. Il avait exceptionnellement troqué son costume trois pièces pour une chemisette blanche entre-ouverte, dévoilant légèrement son torse musclé et un jeans qui le mettait particulièrement en valeur. Qu'il était beau ! Le merveilleux souvenir de cette soirée m'arrache inévitablement une larme que je me dépêche de faire disparaître avant de porter ma bouteille à mes lèvres une dernière fois...
Puis, après l'avoir déposée sur la table, je monte à l'étage, pénètre dans la salle de bain et fouille l'armoire à pharmacie dans l'espoir d'y trouver un tube de somnifères... Après quelques recherches infructueuses, je finis par mettre la main sur le flacon en question, le secoue pour savoir si il contient assez de comprimés pour m'endormir à tout jamais et constate qu'il est quasiment plein et fera donc parfaitement l'affaire... Je redescends munis de mon poison pour l'absorber avec le reste de ma bouteille. Je m'assoie sur une chaise et verse les pilules sur la table avant d'en faire rouler une de droite à gauche, puis de gauche à droite avec un doigt... C'est drôle... Je n'ai pas peur... Je veux seulement dormir.... Dormir et ne jamais plus me réveiller.... Mais je dois d'abord laisser une lettre pour Cho... Il a le droit d'avoir une explication... Il a tant fait pour moi... Il a été un véritable ami... Je me retourne et attrape un stylo et une feuille de papier sur le buffet derrière moi puis les pose sous mes yeux... Il faut que je trouve les mots, les bons mots, pour expliquer ce geste fou que je m'apprête à effectuer... Je regarde la feuille blanche pendant de longues minutes, griffonne quelques lignes que je raye aussitôt avant de prendre une nouvelle feuille pour recommencer, encore et encore....
Pourquoi ces satanés mots ne viennent-ils pas ? Incapable de trouver quoi que ce soit pour justifier ce que je vais faire, je finis par choisir d'écrire trois mots... Trois simples mots... Trois mots dont Cho comprendra toute la signification... " Il est parti... "
Je laisse tomber mon stylo sur la feuille de papier puis je commence à ramasser d'une main mes comprimés sur la table et de l'autre j'attrape ma bouteille... Une larme coule alors sur mon visage... Puis une autre... Et encore une autre... Comme si tout d'un coup, elles ne pouvaient plus s'arrêter... Il est temps... Il est plus que temps... J'approche lentement ma poignée de pilules de mes lèvres mais soudain la sonnerie de mon portable retentie, me faisant lâcher de surprise le poison que je me préparais à avaler.... Je regarde l'écran pour y lire le nom de l'appelant mais ce sont les mots " appel inconnu " qui sont affichés... Ma première réaction est de le reposer mais une force invisible me pousse à décrocher... Alors, d'une main tremblante, je colle le combiné contre mon oreille....
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2 ans plus tard...
Je marche sur le sable chaud, m'offrant une dernière balade dans ce paradis devenu mon enfer... Deux ans que je ne l'ai pas vu... Deux ans que je traîne mes guêtres comme une âme en peine... Deux ans que je n'ai pas vécu, mais seulement survécu.... J'ai failli me jeter dans ces eaux cristallines pour m'y laisser engloutir une bonne centaine de fois mais à chaque fois l'image de son sourire radieux me ramenait à la raison... J'ai entendu aux infos que je ne suis plus recherché, que l'affaire John le Rouge a été classée, que le CBI a été démantelé, que le FBI a prit une sérieuse claque et que la police, elle, a du faire le grand nettoyage dans ses rangs suite à l'explosion de l'organisation secrète. Je me demande ce qu'ils sont devenus.... Ce qu'elle est devenue... A-t-elle refait sa vie ? M'a-t-elle oublié ? Moi je n'ai jamais pu y parvenir... Il n'y a pas un seul jour, pas une seule nuit où je n'ai pas pensé à elle, où je n'ai pas versée une larme en me remémorant nos souvenirs... Elle m'a tellement manquée.... Elle me manque tellement... Durant ces deux années, j'ai vécu comme un zombie, je n'étais plus que l'ombre de moi-même... J'ai laissé ma barbe envahir mon visage et n'ai plus accordée aucune attention à mon apparence et à mon style vestimentaire...
De nombreuses femmes m'ont sollicitées pourtant mais elles se sont toutes heurtées à un mur... Comment aurais-je pu ne serait-ce que poser les yeux sur l'une d'elles alors que mon cœur était ailleurs ? Il appartenait et appartiendra toujours à ma douce Teresa... Il me tarde de la retrouver, de revoir son magnifique sourire, de plonger à nouveau dans son regard pétillant, de la serrer dans mes bras...
Je remplis quelques rapports avant de rentrer chez moi mais mon esprit est ailleurs... Je viens d'apprendre que Jane n'est plus recherché, qu'ils ont classée l'affaire John le Rouge...
Après tout, il n'a eut que ce qu'il méritait ! Est-il au courant ? Va-t-il revenir ? Peut-être a-t-il refait sa vie ? Peut-être m'a-t-il oubliée ? Moi, je n'ai jamais pu y parvenir... Il n'y a pas un seul jour, pas une seule nuit où je n'ai pas pensé à lui, où je n'ai pas versé une larme en me remémorant nos souvenirs... Deux ans qu'il est parti... Deux ans que je me bats contre moi-même pour ne pas sombrer depuis ce coup de fil qui a tout changé, qui m'a évité d'avaler ces comprimés... Il n'a rien dit, mais j'ai senti que c'était lui... Je suis sûre que c'était lui... Et sans le savoir, il m'a sauvé la vie... Entendre sa respiration m'a donné la force de continuer... Depuis, je me fais un devoir de m'accrocher à ma pâle existence... Pour lui... Parce que je nourris l'espoir qu'un jour il reviendra... Et ce jour est peut-être arrivé... Il m'a tellement manqué... Il me manque tellement... Durant ces deux années, j'ai vécu comme un robot, chaque journée étant semblable à la précédente... Je suis allée de mon nouvel appartement au commissariat dont j'ai pris la tête après le démantèlement du CBI, et du commissariat à mon appartement.
Quelques collègues ont bien tenté de me séduire, mais en vain... A chaque fois, c'est contre un mur de béton qu'ils se sont fracassés... Comment aurais-je pu laisser ne serait-ce qu'un seul d'entre eux prendre sa place ? Non, ce n'était et ne sera jamais envisageable... Mon cœur n'appartient et n'appartiendra qu'a lui... Je voudrais tellement le retrouver, revoir son sublime sourire, plonger à nouveau dans l'océan de son regard, me blottir dans ses bras...
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Quelques heures plus tard....
Alors que mon avion amorce son atterrissage à l'aéroport JFK, dix milles questions assaillent mon esprit... Comment va-t-elle réagir en me voyant ? Va-t-elle seulement venir au rendez-vous que je vais lui donner ? A-t-elle changé ? Je suis tellement obnubilé par ces interrogations que je ne me suis même pas rendu compte que nous sommes sur le tarmac et que les passagers ont commencés à quitter l'appareil. D'un geste rapide, je me détache et descends à mon tour puis, une fois dans le bâtiment, je me dépêche d'aller me poster devant les tapis roulants où la danse des bagages à déjà commencé. Je scrute chaque valise, chaque sac , et soudain j'aperçois enfin la mienne que j'empoigne et file vers la sortie pour sauter dans un taxi. Je demande au chauffeur de bien vouloir me déposer devant un hôtel, peu m'importe lequel, proche du commissariat de la 20ème et je m'installe à l'arrière, un peu essoufflé par ma course folle depuis que j'ai posé le pied sur le sol New-yorkais.
Tandis que les routes défilent, je sens la nervosité me gagner. En vérité, je suis aussi impatient de la revoir que terrifié de la réaction qu'elle pourrait avoir. Au bout d'une bonne heure, et après avoir bravé les embouteillages, le taxi s'arrête devant un petit hôtel deux étoiles et m'indique que le poste de police se trouve à peine à quelques mètres de là. Je le remercie chaleureusement avant de lui régler sa course et de lui souhaiter une bonne continuation, sans omettre de récupérer mes bagages dans le coffre avant qu'il redémarre. Puis, alors qu'il disparait à l'horizon, me regard se pose sur le gratte-ciel qu'il m'a montré puis sur ma montre, puis à nouveau sur le bâtiment... Il est 15 h...
Est-elle dans son bureau ou bien sur le terrain, travaillant sur une enquête ? A l'idée qu'elle puisse être à la fois aussi proche et aussi loin de moi, mes mains deviennent moites et je commence à avoir des palpitations... Il faut que je me ressaisisse... Je détourne les yeux et entre enfin dans l'hôtel, puis demande une chambre pour une durée indéterminée avant d'emprunter l'ascenseur pour monter au 3ème accompagné par un groom et de longer un grand couloir pour rejoindre la porte n°407.
Après avoir pris une bonne douche et m'être changé de vêtements, je redescends, puis je sors de l'hôtel pour aller chez le fleuriste d'en face que j'ai repéré à mon arrivée. Je choisi un bouquet de roses rouges auquel je fais mettre une petite carte avec pour message " Dans le havre de verdure le plus près, sur un banc je vous attendrai. " . Munis du dit bouquet, je me dirige vers le commissariat, m'arrêtant quelques instants et levant les yeux vers les fenêtres des étages , je prends une profonde inspiration avant d'entrer.
- " Bonjour, voudriez-vous avoir l'amabilité d'apporter ceci à Teresa Lisbon je vous prie ? "
- " Aucun problème. "
- " Merci mon brave. Bonne journée. "
D'un pas rapide, je parcours les quelques mètres me séparant du parc et m'installe sur un banc face au petit plan d'eau où barbotent allègrement quelques joyeux canards.
- " Patron ? Je peux entrer ? "
- " Oui Mitchel. Que voulez-vous ? "
- " Quelqu'un a déposé ceci pour vous à l'accueil. "
Surprise et quelque peu gênée par la situation, je récupère le bouquet et congédie mon subordonné après l'avoir remercié.
Qui peut bien m'avoir envoyé ces magnifiques roses ? Une petite enveloppe agrafée à l'emballage transparent attirent mon attention. Je la détache soigneusement et l'ouvre, les mains tremblantes pour en sortir une petite carte. " Dans le havre de verdure le plus près sur un banc je vous attendrai." Reconnaissant immédiatement l'écriture, je lâche la carte et me rue vers l'ascenseur pour descendre à l'accueil.
- " Mitchel ! A quoi ressemblait la personne qui a déposé le bouquet ? Décrivez-le moi, c'est extrêmement important ! "
- " Oh , heu, c'était un homme, environs 1 m 80, cheveux blonds, yeux bleus, un physique avenant. "
Oh mon dieu , c'est lui , c'est bien lui ! Je bondis vers la sortie et une fois dehors, je cours aussi vite que je peux, plus vite que je n'ai jamais couru, ... Il est revenu...
J'arrive enfin à l'entrée du parc. Essoufflée et le cœur battant à tout rompre, je le cherche du regard et soudain, je l'aperçois... Il est de dos mais je sais que c'est lui... Je sens que c'est lui... Après avoir régulée ma respiration, j'avance lentement vers lui, avec l'impression que le sol se dérobe sous mes pas.... Je tremble de tous mes membres et je sens les larmes glisser sur mon visage mais je peux pas les arrêter... Quelques pas de plus et je me retrouve juste derrière lui, totalement pétrifiée sur place...
M'a-t-il entendu arriver ? A peine me suis-je posé cette question qu'il se tourne vers moi...
- " Teresa, ma douce Teresa.... " me sourit-il en encrant ses yeux dans les miens.
- " C'est... C'est vous ? C'est bien vous ? " parvins-je difficilement à bredouiller.
- " C'est bien moi. " me répond-il en se levant pour me rejoindre derrière le banc.
- " Comment... Comment vous.... "
- " Cho... C'est Cho qui m'a dit où vous trouver... "
Que c'est bon de le revoir ! Il n'a pas changé, mis à part peut-être cette petite barbe, qui je dois dire, le rend encore plus sexy qu'il ne l'était déjà.
Elle est venue... Elle est toujours aussi belle... Même plus belle que dans mes souvenirs... J'ai une envie folle de la prendre dans mes bras mais je ne veux pas la brusquer... Je m'approche lentement, très lentement même, afin qu'elle puisse, si elle le souhaite, me stopper avant que je ne sois trop près... On se croirait dans un de ces films où lorsque les héros se retrouvent, la scène est tournée au ralentit... Elle ne bouge pas, ne recule pas... Alors que j'ose enfin la serrer contre moi, je sens ses bras s'accrocher à mon cou et je l'entends renifler doucement... Je réalise qu'elle a souffert autant que moi pendant ces deux dernière années et à cette pensée, je ne peux retenir quelques larmes tandis que je niche ma tête au creux de son épaule... J'ai tellement attendu ce moment que je n'ai plus envie de la lâcher... Je ne peux plus la lâcher...
Je relève la tête et, sans me détacher d'elle, je relève son menton d'un doigt tremblant pour plonger à nouveau mon regard dans le sien... Alors que nos corps frissonnent l'un contre l'autre et que nos cœurs battent au même diapason, je me penche vers son visage et écrase mes lèvres contre les siennes... Elles sont si douces... Ce contact nous électrise comme jamais et cette fois je m'attarde et me délecte de cette bouche sensuelle... Soudain, je sens qu'elle m'autorise à approfondir ce baiser alors je laisse ma langue goûter à la sienne, puis la caresser, puis l'enlacer voluptueusement dans un ballet sensuel et envoûtant...
FIN