Joe Mantegna

" Esprits criminels " est une série assez sombre et intense. Arrivez-vous à oublier ces histoires dès que vous quittez le plateau ?

Ah oui ! Dès que j'entends le mot " stop " en fin de journée, je redeviens un homme comme tout le monde. Et puis, il ne faut pas oublier, cela reste de la télé ! Quand un bras sort de terre, c'est du plastique, rien de plus ! Pour les gens qui exercent ce boulot chaque jour, ce n'est pas du tout le cas. Si je vous disais que je suis choqué ou dérangé le soir, ce serait pris comme une insulte pour les professionnels de ce métier.

C'est une marque de respect que vous leur témoignez ?

Exactement. Je respecte leur travail, je les admire même ! Par moments, je pense que je suis un privilégié car je peux jouer leur rôle au petit écran.

Avez-vous suivi une formation particulière pour devenir l'agent David Rossi ?

Je me suis rendu à Quantico, en Virginie, dans les vrais bureaux du FBI, auprès de l'unité des sciences du comportement. J’ai rencontré quelques professionnels avec qui j’ai passé beaucoup de temps et qui sont devenus mes conseillers techniques. Ces personnes sont motivées et font ce boulot, comme tout le monde en fin de compte, pour gagner leur vie. Ce n’est pas simple de devoir suivre chaque jour des tueurs en série et des psychopathes. Comme je le dis souvent à la maison, ce sont les derniers chevaliers blancs qui doivent tuer les dragons. Les dragons sont ces gens complètement dérangés qui tuent des victimes sans défense.

Est-il vrai que le nom de votre personnage est lié à un scandale qui a touché les Etats-Unis ?

Vous êtes bien informé ! (Rires.) David Rossi est en fait le premier policier de Los Angeles à avoir témoigné dans le procès d’O.J. Simpson (l’ancienne star du football américain accusée dans les années 90 d’avoir assassiné sa femme et l’un de ses amis). On regardait le procès à la télévision. C’était même devenu l’événement le plus fascinant diffusé à cette époque. Je me rappelle de cette histoire comme si c’était hier. Durant deux heures, les avocats de Simpson ont mitraillé le policier de questions et l’ont humilié.

Vous arrive-t-il d’imaginer votre personnage dans dix ans ?

Non, car il m’est déjà difficile de m’imaginer dans dix ans. J’espère que je pourrai toujours interpréter ce rôle. C’est une très bonne question que vous me posez là : il y a dix ans de cela, je ne pouvais pas savoir ce que je ferais aujourd’hui. J’ai joué les fils, puis les pères, et maintenant, je suis presque au stade du grand-père !

Vous êtes dans le métier depuis quarante ans. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes acteurs ?

De donner de l’importance au voyage et pas à la destination. J’ai pris conscience que le but n’était pas d’atteindre un certain point, c’est-à-dire de décrocher la notoriété, mais de faire le parcours en grimpant les échelons. De commencer par des petits rôles et de les accepter sans rechigner. Ensuite, c’est au public de décider si on est bon ou pas. Aujourd’hui, j’ai toujours le même plaisir à jouer dans une série que lorsque je m’amusais dans une équipe de football à l’école. La seule différence est que je gagne plus d’argent. (Rires.)

Pouvez-vous nous donner quelques scoops sur la prochaine saison d’" Esprits criminels " ?

Honnêtement, je n’ai pas grand-chose à vous dire car nous n’avons pas beaucoup d’informations à ce propos. J’aimerais que le niveau des scénarios s’améliore. Je me sens toujours à l’aise dans la peau de David Rossi, mais j’ai quand même demandé qu’on ajoute du piment dans la vie intime de tous les personnages. On a aussi lu les messages des téléspectateurs qui soulignaient avoir aimé les histoires interprétées par Shemar Moore et Thomas Gibson. On va donc continuer dans ce sens, sans oublier la ligne centrale de la série : résoudre des crimes !

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