Aimer est une chose, Tuer en est une autre

Prologue

Lorsque J.J se réveilla ce matin là, elle était toujours aussi inquiète. Comme le reste de l'équipe. En vérité, Hotch, Garcia, Prentiss, Rossi et J.J avaient passé la nuit au travail, trop occupés à travailler, ils n'avaient pas pris le temps de rentrer chez eux. Will devait s'inquiéter, et elle le remarqua aux nombreux appels que son portable avait reçu durant cette nuit. Elle tourna la tête vers l'homme qui l'avait réveillé. Ensemble, ils réveillèrent les autres membres endormis. Puis, à moitié réveillés, chacun écouta ce qu'il avait à dire. Lorsque le verdict tomba, il y eu un long temps de silence … comme si ce temps si précieux venait de s'arrêter.

Kenzie Lincolns et Gabriella Marks, deux colocataires vivant ensemble depuis près de deux ans, dans un appartement de Quantico, se réveillèrent à cause de la sonnerie du téléphone. Une sonnerie violente qui les fit sursauter dans leur sommeil. La première se leva péniblement, se traîna contre le mur et décrocha. La deuxième la rejoignit. Suivant les indications qu'on leur avait donné, elles allumèrent la télévision. Ce qu'elles virent se passa de commentaires, il y eu un grand silence, un moment d'effroi et de doutes jusqu'à ce que s'affiche la dure vérité sur leur écran de télévision …

Diana Reid, assise dans son fauteuil, avait peu dormit cette nuit là. Encore et encore, ses cauchemars l'avaient réveillé, de sorte que de lourds cernes se traçaient sous ses yeux. Elle ne bougeait pas, trop fatiguée. Lorsqu'un médecin vînt lui dire qu'il fallait qu'elle regarde quelque chose au journal du matin, elle n'imagina pas une seule seconde qu'elle ampleur cela aurait sur elle. Ce n'est que quand l'écran fut allumé qu'elle comprit qu'un nouveau cauchemar commençait …

Désirée et Sarah Morgan avaient attendu que leur mère se réveille pour allumer la télévision. Elles avaient pour habitude de regarder le journal télévisé le matin, toutes les trois lorsqu'elles étaient ensemble. Madame Morgan ne tarda pas, elle ouvrit la porte de sa cuisine et vînt saluer ses deux filles avant de s'installer à sa place devant un bol de café. Sarah s'empara de la télécommande avant sa sœur et alluma. Elles étaient heureuses et souriaient comme jamais. Lorsqu'elles virent les nouvelles, leurs sourires s'effacèrent. Tout comme celui de leur mère. Il fallait bien que cela arrive un jour ou l'autre, mais pas dans de telles situations …

Même réaction pour tous …

Chapitre 1

« Vous en êtes sur ? » demanda Aaron.

L'homme aurait préféré ne pas venir leur annoncer cela, mais il n'eut pas le choix. Après un long silence d'hésitation ou probablement de ménagement, il acquiesça en disant que ça n'était que sa propre conviction. J.J se sentit défaillir, ses jambes se mirent à trembler et Rossi, voyant cela, la prit par les épaules et l'emmena s'assoir à son bureau. Emily et Pénélope perdirent leurs belles couleurs et préférèrent s'assoir à leur tour. Hotch passa sa main devant sa bouche, choqué par la nouvelle. Jennifer fit preuve de la plus grande émotivité qui soit, de longues larmes coulèrent sur ses joues, elle sanglotait tandis que Rossi tentait de la calmer. Lui aussi en avait les larmes aux yeux et son réconfort ne fut pas très efficace. Il tapota l'épaule de Jennifer, tandis que celle-ci se mit à trembler de tous ses membres :

« Dîtes-moi que c'est pas vrai … » murmura t-elle entre deux sanglots.

David aurait préféré que ce soit ainsi. L'homme n'avait pas pu partir, déchiré entre l'envie de quitter cet endroit au plus vite et le devoir qu'on lui avait assigné. Il assistait à cet effroyable spectacle sans oser dire un mot de plus, craignant de provoquer une autre série de larmes. Il regarda d'abord Aaron : le supérieur, lui qui tentait toujours de rester stoïque, il le vit trembler avant de s'appuyer sur le bureau le plus proche. Son regard se posa sur Emily et Pénélope, toutes deux, assises côte à côte, se soutenaient mutuellement, se serrant dans leurs bras, leurs yeux fermés pour éviter de se laisser pleurer. Rossi lui aussi se retenait, tenant contre sa poitrine, la frêle Jennifer qui pleurait à chaudes larmes. Toute l'équipe étaient choqués de la nouvelle … J.J ouvrit soudainement les yeux, cessant ses sanglots, elle posa ses mains sur les bras de David et les écarta d'elle. Elle se leva et avança vers l'homme debout dans le bureau. Elle glissa son bras sur son visage, essuyant ses larmes dans les manches pourpres de son pull.

« Pourquoi êtes-vous encore là ? » demanda t-elle d'un ton sec.

L'homme fit un pas en arrière. Pas que J.J lui faisait peur, mais affronter quelqu'un rongé de tristesse et d'inquiétude n'était pas chose facile. Il toussota et reprit son courage à deux mains :

« On aimerait savoir ce qu'il s'est vraiment passé, et on aura besoin de vous. »

J.J frotta ses yeux une dernière fois et acquiesça, ce fut pareil pour tous les membres de l'équipe, quant à Garcia, on lui demanda si elle voulait vraiment venir. Elle risquait de voir certaines choses qu'elle préfèrerait ne jamais apercevoir … Pénélope préféra rester au bureau, elle leur serait tout autant utile devant son ordinateur et à l'idée de voir les horreurs dont on leur avait parlé, elle en avait mal au cœur. Emily demanda à un agent passant par là, d'accompagner l'informaticienne jusqu'à son ordinateur. L'homme s'approcha d'elle, lui tendit une main qu'elle prit en tremblant doucement … Elle se leva, souhaita bonne chance à ses amis et partit en leur jetant des regards tristes et inquiets. Elle espérait au fond d'elle que l'informateur se trompait, que tous ceux qui avaient confirmé la chose se trompaient … Tous autant qu'ils étaient.
Quelques minutes après, ils arrivèrent avec celui qui était venu les réveiller, dans une forêt éloignée de la route. Dans la matinée, il y avait eu un éboulement et les pompiers y avaient été envoyé pour voir si personne n'avait été blessé. Il y avait là une sorte de maisonnette faîte d'arbres coupés, sûrement par des gamins du coin.

« L'éboulement a eu lieu vers 5 heure et demi ce matin. Les pompiers ont été prévenu par un homme qui avait entendu des cris dans la forêt, ils sont allés sur place et ont entrepris de dégager les personnes prises dans l'éboulement en espérant qu'elles aies survécus. On a sortit un corps, un homme, entre 25 et 30 ans. Et j'ai pensé que …

- Vous avez pensé qu'il s'agissait d'un de nos collègues disparu. C'est ça ?

- Oui. La même morphologie que l'un d'entre eux. »

Il les conduisit à une civière recouverte d'un drap et avant qu'il n'ai pu le soulever, Rossi l'arrêta.

« David, qu'est-ce que tu fais ? Demanda Aaron surprit de la réaction de son ami.

- Vous ne préférez pas attendre qu'on sorte les autres possibles victimes de l'éboulement ? »

J.J et Emily se regardèrent, elles acquiescèrent : la vue de ce corps recouvert d'un linceul les faisaient trembler, elles voulaient encore croire qu'il restait un survivant, qu'il y en aurait un parmi les décombres. Soudain, on entendit quelqu'un crier :

« Il y a une personne vivante ! Là ! C'est une femme ! »

Ils tournèrent la tête lorsqu'ils virent les pompiers tirer le corps d'une femme des décombres. Un corps inerte mais pourtant bien vivant à en juger par les gémissement de douleur qu'elle poussait ...

Chapitre 2

« Jusqu'à présent, les cadavres de deux hommes ont été sortis des décombres, il semblerait qu'une femme, une survivante, ai été sortie aussi et immédiatement conduite à l'hôpital. Nous sommes parvenus à obtenir des noms : la jeune femme s'appelle April James et les deux hommes ont été identifiés : il s'agirait de deux agents du F.BI, Derek Morgan et Spencer Reid. Nous ne connaissons pas encore les raisons de leurs décès qui, d'après les autorités, n'ont pas été causés par l'éboulement. »

Kenzie faillit s'évanouir, son amie l'aida à s'assoir sur un fauteuil. La vérité est que ces deux jeunes femmes avait une colocataire, une amie … et cette même amie venait d'être sortie des décombres d'un éboulement après avoir disparu dans la soirée d'hier. Elles restèrent immobiles … deux statues dans le salon de ce petit appartement qu'elles partageaient. April était à l'hôpital … April était blessée … mais en vie. Cette dernière conclusion les fit pleurer de soulagement. Gabriella courut jusqu'à sa penderie, prendre des vêtements au hasard pour se rendre aux urgences le plus rapidement possible, elle prit des vêtements pour sa colocataire qui ne bougeait toujours pas. Kenzie était assise sur le fauteuil, de longues larmes coulaient sur ses joues. Lorsqu'elle sentit des vêtements lui atterrir sur ses genoux, elle baissa les yeux pour y jeter un coup d'œil.

« Dépêches-toi ! Il faut qu'on y aille ! Et le plus vite possible ! »

Gabriella s'enferma dans la salle de bain, tandis que sa colocataire éteignait la télévision. Elle se rendit dans sa chambre pour enfiler ses vêtements et lorsque les deux jeunes filles furent prêtes, elles quittèrent l'appartement sans avoir mangé.
Le trajet jusqu'à l'hôpital ne fut pas très long, Kenzie s'était installé au volant et Gabrielle n'avait pas cessé de chercher des panneaux indiquant la route à prendre. Elles poussèrent les portes du bâtiment et interceptèrent une infirmière qui marchait dans le hall tranquillement.

« Excusez-moi, vous savez où on peut trouver April James ? »

Elle leur fit signe de les suivre. Une forte angoisse enserra leur gorge, la séchant. L'infirmière s'adressa à une de ses collègues puis leur donna un étage, précisant que la jeune fille était encore au bloc opératoire et qu'il faudrait attendre dans la salle juxtaposée. Cette dernière condition ne posa aucuns problèmes aux deux colocataires et elles se précipitèrent vers l'ascenseur, après les avoir remercier.
Elles attendirent de nombreuses heures dans la salle d'attente, priant pour que leur amie sorte stabilisée du bloc et qu'elle guérisse vite et bien. Gabriella ne tenait pas en place, faisant les cent pas dans la pièce. Il n'y avait personne avec elles, personne qu'elle ne pouvait déranger du bruit de ses pas à part, peut-être, son amie. Kenzie se basculait sur sa chaise, l'angoisse qu'elle ressentait était comme une main qui tenait son cœur, l'empêchant de battre correctement mais sans l'obliger à s'arrêter. Elle sentait une vague de stress la submerger, un vent froid qui la prenait par derrière, en traître. Elle ne fut pas seule à sentir ce vent glacial, ce fut aussi le cas pour sa colocataire. Toutes deux se regardèrent, comme si elles venaient de dire quelque chose. Pourtant, personne n'avait parlé, personne n'avait ouvert la bouche et de ces deux bouches, aucun son n'était sortit. Chacune se sentait si mal qu'elle pâlissait à vu d'œil. Gabriella ne pu s'empêcher d'imaginer ce qu'il se passerait si leur amie ne survivait pas. Elle tenta vainement de supprimer cette épouvantable pensée de son esprit … puis, ses yeux se posèrent sur celle qui restait un peu plus calme qu'elle, Kenzie semblait sûre que son amie resterait en vie. En vérité, elle aussi se faisait beaucoup de soucis et avait osé douter d'April. Lorsque leurs deux regards se croisèrent, elles pensèrent que l'autre était plus calme, plus sereine … à tort. Le stress devenait pesant, écrasant même. Gabriella ne tenait plus debout après avoir passé de longues heures à marcher de part et d'autre de la pièce, elle s'était assise, en face de Kenzie. Cette dernière, se tenait les mains et soufflait un air chaud entre ses doigts, essayant de se réchauffer. Il était vrai que l'air était frais et les faisait grelotter quelque peu. De légers frissons … rien de bien grave. Toutes leurs pensées, qu'elles soient négatives ou bien positives, disparurent lorsqu'un médecin s'avança vers elles.

« Votre amie va bien. » dit-il.

Et cette seule phrase suffit à les calmer.

Chapitre 3

« Nous sommes désormais bel et bien sûrs que les deux corps masculins retrouvés sont ceux des deux agents du F.B.I : Derek Morgan et Spencer Reid. La jeune April James est hors de danger, elle est encore inconsciente mais pourra sûrement communiquer d'ici peu et raconter ce qu'il s'est réellement passé à la police pour reconstituer la nuit d'hier. »

Diana n'écoutait plus. Elle avait cessé d'écouter lorsque la journaliste eut fini de prononcer le nom de son fils. Le médecin était debout près d'elle, il savait qu'elle referait une crise, mais il préférait qu'elle sache la vérité. Diana se sentit très faible, elle regarda l'écran où s'affichèrent deux photos, les photos des agents en question. Elle poussa de toutes ses forces sur les bras du fauteuil pour se lever et marcha jusqu'à la télévision. Là, elle déposa ses doigts sur la photo de son fils …
Il était mort.
Elle sentit des larmes couler sur ses joues, elle gardait étrangement bien son calme, chose à laquelle le médecin ne pu trouver de raison. Il n'en eut pas besoin. Il regarda la patiente fondre en larmes et pousser des cris en sanglotant. Elle répétait inlassablement le même nom « Spencer ». De nombreuses personnes se précipitèrent dans la salle, pour savoir quel drame était arrivé à la si charmante Diana Reid. Elle tombait à genoux devant l'écran, ne décollant pas ses doigts de la photo jusqu'à ce qu'elle disparaisse … La journaliste se remit à parler, mais les cris de Madame Reid couvrait ses propos par des larmes et des hurlements d'une douleur qu'aucune des personnes présentes n'avaient éprouvé. Elle se laissa tomber à terre et frappa le sol de ses poings faibles et serrés. Elle criait que ça n'était pas juste, que ça ne devait pas se passer comme cela. Elle avait raison : les enfants ne meurent pas avant leurs parents ! Diana cria de plus belle, laissant son visage s'inonder de ses larmes que personne n'osait arrêter. Tout le monde la regardait, une tristesse apparente dessinée sur chaque visage, un élan de compassion pour la pauvre Diana qui venait de perdre son fils unique … Personne n'osa interrompre ce grand moment d'une profonde tristesse, vraiment personne : patients comme médecins. Diana pleurait encore et encore, ne sachant que faire pour stopper ces larmes chaudes qui coulaient sans lui obéir. Une infirmière présente dans la pièce s'agenouilla près d'elle, posa sa main sur son dos pour essayer de lui témoigner un peu de compassion autre qu'avec son regard triste et ceux des autres. Elle demanda une seringue à l'infirmier debout derrière elle. Diana savait que dés qu'il lui aurait fait cette injection, elle pourrait stopper ses larmes, elle souhaitait seulement qu'on se dépêche de la faire avant qu'elle ne puisse retenir tout ce qu'elle avait en elle. Lorsqu'elle sentit l'aiguille piquer son bras, Diana ne pu dire si elle se sentait mieux ou pas, en revanche, elle pu se calmer un peu et fut ramenée dans sa chambre tandis que l'image de son garçon hantait son esprit.

« Nous venons d'apprendre à l'instant qu'April James vient de se réveiller. Les agents du F.B.I seront dans sa chambre dés qu'elle sera en état de leur parler. »

Sarah et Désirée restèrent calmes plus longtemps que leur mère. Leurs trois regards étaient fixés sur cet écran, les photos venaient de repasser pour une deuxième fois. Madame Morgan ne put s'empêcher d'éclater en sanglots, des larmes plein les yeux, elle s'abattit sur la table, et cala son visage entre ses bras. Ses deux filles ne surent réagir aussitôt, la nouvelle les avait profondément choqué et elle ne parvenait pas à se reconnecter à la réalité. Les pleurs de leur mère les ramenèrent à l'instant présent. Elles se levèrent, cachant leurs larmes derrière une apparence forte, et serrèrent leur mère dans leurs bras. Puis, lorsqu'elles ne purent rester calmes plus longtemps, elles imitèrent ce qu'avait fait Madame Morgan avant elles. Elles éclatèrent en sanglots, se prenant toutes trois dans les bras. Désirée glissa une main derrière la nuque de Sarah : leur frère était mort, leur frère qu'elles aimaient plus que tout. Madame Morgan devait étouffer sous l'étreinte de ses filles, mais elle était bien trop malheureuse pour s'en plaindre. Toute intention de réconfort était la bienvenue. Elle ouvrit ses yeux, remplis de larmes comme ceux de ses enfants présents. Que s'était-il passé ? Le journal venait d'annoncer que sa mort n'avait aucun rapport avec l'éboulement. Mais qu'était-il donc arrivé hier soir ? Pourquoi son fils avait-il perdu la vie ? Elle ne comprenait pas et sa seule chance de compréhension résidait en la personne d'April James, laquelle avait été conduite aux Urgences et devait déjà s'être réveillée. Elle posa ses mains sur les bras de ses filles, dans un geste de consolation, une caresse sur leurs poignets pour leur témoigner son affection. Sarah et Désirée levèrent la tête en sentant le contact chaud de la paume de leur mère sur leur bras, et bientôt, toutes trois se remirent à pleurer en tremblant.

Chapitre 4

Kenzie et Gabriella patientait dans la chambre de leur colocataire. April James était réveillée depuis peu de temps. Ses yeux s'étaient ouverts, mais elle n'avait pas ouvert la bouche. A chaque question qu'on lui avait posé, elle s'était contentée de secouer la tête doucement. Son regard était fixé sur le plafond blanc de la chambre. Durant de longues minutes, elle avait regardé ce même plafond. Puis … soudainement, elle avait tourné la tête vers ses amies puis ensuite vers le côté opposé de la chambre. Elle les vit, toute une équipe debout derrière la vitre de sa chambre, attendant qu'elle soit prête surement. Elle avait entendu les infos quelques minutes plus tôt et savait qu'ils étaient du F.B.I. Elle dit :

« Faîtes-les entrer. »

Gabriella s'exécuta, donnant comme prétexte qu'elle demandait à les voir. Hotch avait jeté un regard à Rossi, interloqué, se demandant pourquoi, sans l'avis des médecins, la patiente avait décidé de les faire entrer.

« Mlle James, je suis l'agent Hotchner du F.B.I, et voici les agents Rossi, Jarreau et Prentiss.

- Je sais qui vous êtes. Je vous ai vu là bas … »

Elle s'était contentée de parler stoïquement, son ton était glacial comme si elle ne ressentait rien. Elle semblait coupée du monde, comme si ce qu'on pouvait dire ou faire l'importait peu. Aaron reprit :

« D'abord, on voudrait juste savoir si les deux hommes qu'on a retrouvé étaient Morgan et Reid.

- Oui. Ce sont eux. »

Un froid s'installa soudainement. Les personnes présentes se sentir un peu mal à l'aise. Le regard d'April était tristement vidé de toute émotion. Ce qu'elle avait vécu l'avait probablement marqué … fortement marqué. David s'assit sur une chaise près de la victime et lui demanda :

« Qu'est-ce que ce qui leur est arrivé ? »

April tourna la tête vers lui, son regard toujours aussi inexpressif. Elle ne semblait pas choquée, mais ce manque de sentiments et d'expressions soutenait le contraire. Elle ne répondit pas. Remonter dans ses souvenirs serait dur, très dur. Elle sentit des regards insistants se poser sur elle, ils attendaient des réponses. Tous. Même ses amies voulaient avoir des réponses, elles aussi voulaient savoir. Voyant qu'elle ne répondait pas, Dave reprit :

« Racontez nous tout, April. »

Elle détourna les yeux vers lui. A cette instant, une once de tristesse parcourut le bleu de ses yeux, il le remarqua. April commençait à réagir, elle en pleurerait presque. Puis, elle demanda à ce qu'on l'aide à se relever. Kenzie et Gabrielle l'installèrent assise dans le lit qu'elle occupait.

« C'est entendu ! Dit elle. Je vais vous dire ce que vous voulez savoir … »

Chapitre 5

« Derek et Spencer étaient mes amis. De très bons amis. J'avais rencontré le premier dans un café et il m'a ensuite présenté au deuxième. Je les aimais beaucoup. »

Elle marque une faible pause, reprend son souffle et continue :

« On faisait souvent des sorties ensemble. On allait à des matchs de baseball ensemble, on avait fêté nos anniversaires ensemble … Bref, on était inséparables. Tout a un peu changé il y a quelques semaines.

- Que s'est-il passé ? Demanda J.J.

- J'étais chez moi, Kenzie et Gabriella étaient sorties, elles étaient en ville je ne sais où … Reid est venu me voir, pour discuter un peu. Et on a parlé pendant des heures et des heures. Il y a eu un grand silence à un certain moment et je l'ai regardé longuement, puis au bout d'un moment je lui ai dit qu'il était plutôt mignon comme garçon en tenant son visage dans mes mains. Je disais ça en souriant, sans essayer de sous-entendre quoique ce soit …

- Lui l'a prit autrement.

- J'ai fini par le prendre autrement aussi. Il s'est penché vers moi, visiblement très stressé et il m'a embrassé.

- Et … qu'est-il arrivé après ça ?

- Rien, si je pense bien à ce que vous pensez, il ne s'est strictement rien passé entre Spencer et moi après ça. On s'est bien embrassé encore quelques fois mais rien de plus ...

- Et avec Derek ?

- C'était pareil. Je les aimais autant l'un que l'autre. En réalisant que j'avais des sentiments plus forts ce que ce que je pensais pour Spencer … j'ai réalisé que je ressentais exactement la même chose pour Derek.

- Vous avez eu une relation avec ces deux hommes ? » Interrogea Dave.

April jeta un petit regard à ses amies, elle ne voulut pas répondre. Hotch du répéter la question de Rossi pour qu'elle ouvre la bouche :

« Oui. Mais je voulais le cacher à l'un comme à l'autre … Je faisais n'importe quoi pour que l'on ne se retrouve pas ensemble tous les trois et essayait de les convaincre de ne rien dire, qu'il fallait que ça reste secret.

- Ils se sont doutés de quelque chose ?

- Je ne crois pas. Mais, l'autre jour … Ils ont parlé entre eux, et ils ont découvert qu'ils avaient tous deux une liaison avec moi en même temps. Ils étaient hors d'eux. Ils m'ont demandé de venir dans ce cabanon qui était hors de la ville et … »

Elle se stoppa laissant ses larmes couler sur ses joues. Un médecin entra.

« Excusez-moi, mais il est l'heure pour vous de partir. Revenez la voir demain. »

Ils n'eurent pas le temps de lui dire quoique ce soit : il leur indiquait déjà la sortie. Les agents et les deux amies d'April, quittèrent la chambre en promettant de revenir le lendemain. Et ils quittèrent l'hôpital en laissant April pleurer sur son triste sort.

Chapitre 6

Pensées d'April James

Ils ne sauront jamais … jamais ces agents ne sauront ce qu'il s'était produit, je préfère que ce soit ainsi. Je ne voudrais pas casser leur image en plus de ce que je leur ai fait. Je suis impardonnable. Ce sont peut-être mes dernières pensées, il faut au moins que je me remémore la vérité. Je dois me souvenir de ce qu'il s'est réellement passé l'autre nuit.
La vérité est qu'ils ont tout découvert. Tout ! Les raisons de mes prétextes, nos relations particulières et tout ce qu'il s'y rapporte. La vérité est que je suis allée bien trop loin en faisant cela, j'aurais du choisir … Je n'aurais pas pu me cacher éternellement, ça n'était pas possible. Lorsque je suis arrivée dans ce cabanon, j'avais peur, terriblement peur de me retrouver avec les deux hommes que j'aimais, tous trois dans la même pièce. J'avais poussé la porte en tremblant, j'essayais de rester malgré tout calme et d'être souriante. Eux, ils ne souriaient pas. Ils m'ont fait perdre mon sourire crispé mais si précieux pour préserver mon secret … A quoi bon ? Mon secret avait été éventé depuis bien longtemps. C'est à leurs regards que je l'ai su. Ils avaient un air déçu et en colère. Morgan avait prit sa tête dans ses mains en me demandant comment j'avais pu faire une chose pareille. Je ne préférais pas répondre, et je n'eut pas à le faire. Spencer avait reprit de plus belle, je ne l'avais jamais vu dans cet état, Derek non plus d'ailleurs. C'est à ce moment que je compris que j'étais allée trop loin, j'avais fait trop de mal. Mais ils se fichèrent de mes excuses, préférant laisser éclater leur déception sur moi, pour que je sente la culpabilité m'envahir. Ils n'avaient pas besoin de faire ça, je me sentais déjà honteuse et coupable. Ce que je ne compris pas, c'est le pourquoi ils avaient commencé à s'insulter mutuellement. Les mots volaient dans toutes la pièce, et la seule chose que je comprenais, c'était que chacun me voulait. J'avais l'impression d'être un trophée pour le vainqueur, cette seule pensée me rendait malade. Je m'étais mise à crier moi aussi sans m'en rendre compte. Et on se disputait tous les trois comme ça, s'envoyant des noms d'oiseaux au visage. Je me souviens que ça été ça pendant de longues minutes, puis j'avais arrêté et je les avait regardé.

« Tu crois peut-être qu'April te préfèrerait ? Lança l'un.

- Parfaitement ! Qui voudrait d'un gringalet dans ton genre ? Incapable de se défendre !

- Répètes un peu ce que tu viens de dire !

- J'ai pas besoin de le faire, avec ton extraordinaire esprit tu devrais pourtant avoir bien compris !

- Ce n'est quand même pas ma faute si toi, avec ton Q.I d'escargot tu n'es pas capable de deviner que ta petite amie n'est pas seulement TA petite amie !

- Répètes ça !

- Mais arrêtez ! Vous êtes ridicules, vous êtes les meilleurs amis du monde ! » Avais-je dit en me pendant au bras de Derek.

Il m'avait repoussé, un peu violemment il est vrai. Il était plus qu'en colère. Spencer s'était précipité vers moi et m'avait relevé en me demandant si j'allais bien. Évidemment, ça ne fit qu'envenimer la situation. Les insultes étaient tombées de plus en plus, puis, ils s'étaient poussés, criés dessus … je ne sais pas comment, ils en étaient venu à se battre … Jamais je n'avais vu Spencer avoir le courage de défier son ami. A vrai dire, j'aurais préféré ne jamais voir ça. Derek l'avait plaqué au mur, soutenant qu'il ne faisait pas le poids face à lui et il lui avait donné un coup de poing dans les côtes. Derek s'en était agenouillé au sol.

« Tu fais moins le malin hein ? » S'était entendu Reid.

A son expression, j'avais pu deviner qu'il se rendit compte qu'il n'était pas dans son état normal. Je n'osais pas m'interposer, j'avais trop peur. Morgan donna un violent coup dans les jambes de Reid, le faisant tomber à terre en gémissant. Il se mit à genoux au dessus de lui et le frappa. Je lui criais d'arrêter, mais mes supplications n'eurent aucune écoute. Reid, malgré la faiblesse que je lui connaissait, était parvenu à le faire rouler, se cognant contre les débris de bois coupés et salement rangés dans un des coins du cabanon. Morgan l'avait poussé, ils s'étaient tous deux relevés. Ils avaient recommencé à se frapper, je les suppliais d'arrêter. Lorsque Reid m'avait entendu, il avait tourné la tête vers moi. Et ce qui suivit fut de ma faute …
Derek l'empoigna sans que Spencer ne pu se défendre et le poussa, il était si faible qu'il le jeta presque, à l'autre bout du cabanon. Son corps avait fait un grand bruit en tombant sur le sol, et j'avais ouvert des grands yeux horrifiés. J'avais pu le voir tomber sur ces vieux débris de chaises cassées … sur ce pied de chaise arraché au bout pointu et dangereux.

J'avais pu le voir, criant de toutes mes forces et pleurant toutes les larmes de mon corps, s'empaler sur ce pied !

Je m'étais aussitôt précipitée vers lui, il suffoquait mais parvenait à parler encore. Je pleurais encore et encore, mes larmes tombèrent sur ses joues et je pouvais voir que le pied était entièrement recouvert de son sang. Mes sanglots n'arrangèrent pas la situation, Derek nous avait regardé de l'autre bout de la pièce, je m'étais demandé s'il regrettait ce qu'il avait fait. La main du blessé s'était levée et avait doucement caressé ma joue humide. Je m'étais penchée vers lui pour l'embrasser et il avait juste eu le temps de me dire qu'il m'aimait avant que ses yeux ne se ferment et que je le sente partir.
Je poussais des cris de tristesse, frappant sur le sol avec insistance. J'avais senti la fureur m'envahir et je m'étais relevée, attrapant l'un des pieds cassés de la chaise.
J'étais en face de Morgan, le pied fermement serré dans ma main. Puis, je lui avait sauté dessus. Il avait esquivé mon coup, choqué que je souhaite le frapper. Le deuxième coup, il n'avait pas pu l'éviter. J'avais abattu le pied sur son crâne et il en était tombé à terre. De rage j'avais continué à frappé, encore et encore et encore et encore et encore et encore …
Le pied était couvert de sang quand j'avais arrêté. Je hurlais de toutes mes forces puis jetais le pied sur le côté. J'osais enfin regarder ce que j'avais fait à Derek.

Je lui avait explosé le crâne …

Je me levais, remarquant que mes vêtements étaient couverts de sang, celui de Reid comme celui de Morgan. Je me souvenais de tous les gémissements que j'avais entendu, et particulièrement ceux de Derek quand il m'avait supplié d'arrêter de le frapper. Je n'avais pas écouté, j'avais continué avec toute la rage que contenait mon cœur.
Il faisait toujours nuit quand j'entendis des pierres dégringoler.

Épilogue

Le lendemain quand les agents de la BAU revinrent voir April James, ils ne trouvèrent qu'un lit vide. Ils interpellèrent une infirmière pour lui demander où était la jeune patiente, et elle leur avoua qu'elle était morte dans la nuit. Ainsi ce qu'il s'était passé ce soir là ne serait jamais découvert …
L'équipe se rendit aux trois funérailles pour soutenir les familles comme les amis. Ils avaient perdu deux de leurs amis et la seule personne susceptible de leur dire ce qu'ils leur étaient arrivés avait succombé à ses blessures. Des blessures qu'avait subi son esprit : tristesse, culpabilité …
La vie de chaque membre de l'équipe ne serait plus pareille avec la mort de deux de leurs précieux collègues.
Aimer est une chose, s'entretuer en est une autre.
Diana Reid se pendit dans sa chambre le jour du premier anniversaire de la mort de son fils, sa seule famille, son unique enfant. Elle ne pouvait supporter de l'avoir perdu et avait décidé d'en finir comme le stipulait son journal qu'on retrouva sous son lit.
La famille Morgan fut marquée par la mort du seul fils de la fratrie. Mais malgré cela, la famille se releva, étant toujours unie par les trois membres restants.
Kenzie et Gabriella n'eurent plus de contact, la première quitta Quantico pour aller à Miami et l'autre quitta Quantico pour Seattle. Elles ne se revirent jamais, ne s'envoyèrent plus aucun signe de vie … chacune voulait oublier l'autre et ne plus avoir affaire à elle, car elle se rappelait mutuellement la jeune et gentille April James, leur colocataire qu'elles aimaient tant.
L'équipe fut marquée par ces évènements. La vie fut plus morne sans eux, et chaque jour qui passe leur rappelle qu'ils avaient deux collègues, deux amis qu'ils ont perdu. Mais il fallait se relever ...