Un nouveau chapitre !!
Mardi 10 Avril
Journal de bord d’un remake d’Esprits Criminels (6)Précédemment, dans
Journal de bord d’un remake d’Esprits Criminels :
Tout allait pour le mieux dans le meilleur
des mondes. Nous avions enfin une vision claire du déroulement des activités
(le tournage), après plusieurs moments d’aveuglement. Alors que je croyais les
jours qui nous rapprochaient du début de l’aventure calmes, les dieux ne
l’entendirent pas de cette oreille et me le firent savoir, en jetant un sort
aux acteurs…
Partie 6Y a-t-il un acteur à bord ? … … Dans un premier temps, je ne reçus plus
aucune nouvelle de l’acteur que j’avais choisi initialement pour incarner Reid.
Ni lors de mes demandes pour savoir s’il était libre pour jouer le dimanche, ni
lors de mes multiples envois de planning. Je commençai à me douter de quelque
chose, et mes soupçons se confirmèrent lors du message envoyé de ma part pour
savoir où il en était. Cet acteur m’apprit qu’il avait été pris sur un autre
projet. En conséquence, ses disponibilités s’en retrouvaient extrêmement
réduites. Il était évident qu’il ne pouvait plus assurer le rôle de Reid. Ce
jeune acteur m’invita à donner son rôle à une autre personne et se proposa pour
passer un jour ou l’autre sur le tournage pour aider, si son emploi du temps le
lui permettait. Je dus donc dire adieu à mon Reid, ce qui m’effraya. En effet,
Reid était un personnage principal et dans le scénario, celui-ci avait quelques
très longs monologues. C’est Reid, vous comprenez, alors je m’étais lâchée pour
l’occasion, et puis, que deviendrait Spencer Reid sans ses longues
litanies ? De plus, l’acteur que j’avais choisi avait une certaine
ressemblance physique avec le vrai Reid. Je dus donc partir en urgence à la
recherche d’un nouveau Spencer. J’aurais pu supprimer les lignes du personnage
du scénario et ainsi faire un remake sans Reid, mais je refusai cette
échappatoire bien trop facile et vide de sens à mon goût. Amputer l’équipe de
l’un de ses membres aurait été une insulte. Et n’oublions pas que Reid avait de
longs pavés à déclamer qui auraient été compliqués à redistribuer à d’autres
personnages. Non, vraiment, une équipe incomplète était inimaginable. Je dus me
ruer en catastrophe à la recherche d’un nouveau Reid. Et donc réécrire une nouvelle
annonce et reposter un nouvel appel sur le site de castings dont j’avais parlé
plus haut. Poster une annonce n’était pas en soi le plus gênant. Attendre les
retours, donner de plus amples précisions aux candidats, filtrer les candidats
partant pour le projet de ceux qui n’avaient rien compris à la logique du
projet, rencontrer les candidats et attendre leur confirmation de
participation, ça, c’était le plus long et stressant. Je rencontrai trois
candidats potentiels pour le rôle de Reid, mais celui que je vis en deuxième me
percuta. Par sa ressemblance physique avec le personnage (grand et mince) et
par sa gentillesse et les motivations qu’il me donna. Notre échange fut
agréable par rapport aux deux autres et je sentis, lors de notre première
rencontre, que cet acteur était vraiment motivé et faisait partie de ceux qui
partageait la même vision que moi du projet. Il ne ferait pas partie de ces
candidats qui me lâcheraient vulgairement à cause de ma pauvreté en matériel,
par exemple. Il fut en quelque sorte mon sauveur et grande chance (car oui, il
faut bien que je touche du bois de temps en temps dans mon parcours semé
d’obstacles, un peu de justice, s’il vous plaît !). De plus il n’était
libre que le dimanche. Or, presque toutes ses scènes avaient été placées le
dimanche (le destin fait bien les choses), sauf deux (enfin, même le destin
n’est pas parfait), mais ces scènes problématiques pouvaient être réglées sans
engendrer de nouvelles batailles scénaristiques ou de changement d’emploi du
temps (par la suite, je décalai une des scènes un dimanche tandis que je
remplaçai Spencer par un autre personnage dans l’autre scène). Je fus très
contente de mon choix, d’autant plus que le futur Spencer, qu’on va nommer D,
ne refusa pas de prêter son domicile pour une scène si besoin. En ce qui
concerne les deux autres acteurs que j’avais vus, je pris la décision
d’affecter le premier au rôle d’un méchant. Je vais baptiser cet acteur
« le rustre » (vous comprendrez plus loin la raison de cette
dénomination peu cordiale). Pour le troisième, je ne fus guère emballée par sa
motivation. Je sentis très bien qu’il faisait partie des candidats qui
n’acceptaient de jouer qu’à condition d’avoir un matériel digne de la
profession. Je comprenais son désir, mais franchement, je réalisai qu’il valait
mieux pour moi reculer, même si cette personne, étant en cours de formation
pour devenir acteur, pouvait correspondre à mes critères (pas encore dans le
milieu professionnel, donc plus enclin à accepter un projet amateur).
Pendant mes nouvelles recherches, je fus
rejointe par une future participante, Lae. Celle-ci répondit à mon annonce en
m’envoyant sa candidature et en ajoutant qu’elle aimait beaucoup la série. A
cette époque, sa candidature tombait plutôt mal. En effet, j’avais déjà octroyé
tous les rôles féminins et mon annonce stipulait que je ne recherchais que des
candidats masculins. Il ne me restait plus, que pour les filles, des places
pour de la figuration, ainsi que pour la partie technique du projet (réalisation,
cadrage, montage). Je fus à la fois ravie de recevoir la candidature de Lae qui
portait en affection CM (et oui, autant compter à ses côtés un fan de CM pour
un remake de CM) et à la fois attristée car je ne pouvais, à cet instant
précis, lui donner une suite favorable. Je la remerciai tout de même pour son
initiative et lui indiquai l’état actuel du projet, à savoir qu’elle pouvait
toujours en faire partie, mais en tant que camerawoman et/ ou monteuse. Et
c’est là, que préparée à avoir en réponse un mail de remerciement et de refus
pour la participation technique de sa part, je fus contente de découvrir que
Lae était motivée pour m’aider dans l’aspect technique du film, même si elle
n’avait pas de rôle. Je la rencontrai et fut ravie de l’accueillir dans notre
équipe. Plus tard, je remerciai le ciel qu’elle se soit portée volontaire pour
le projet malgré une annonce destinée aux acteurs masculins. Pour faire durer
le suspens, je n’en dirai pas plus pour le moment…
Les jours passèrent et il n’y eut rien à
signaler de dramatique. Nous nous approchions du grand jour J, comprenez le
début du tournage. Je trépignais d’impatience au fur et à mesure que j’avançais
vers la date. Il y eut tout de même quelques inquiétudes quant à certains lieux
de tournage, mais je les passerai sous silence car elles relèvent plus
d’anecdotes que de drames. Enfin, je vais quand même faire écho au passage où
j’avais parlé du magicien. Pour ceux qui ne s’en souviendraient plus, il
s’agissait de cet acteur venu à la première séance d’essais et qui avait
entraîné d’autres contacts dans l’aventure (mais au final, le magicien et un
contact ne purent y rester). J’étais dans ma phase de recherche d’appartements
car dans l’histoire, certaines scènes se déroulaient dans des appartements. Je
demandai au magicien s’il connaissait des personnes susceptibles d’accepter de
nous prêter leur appartement. Le magicien en trouva une (dans ce récit, Bm) et
me communiqua son adresse mail. A noter que c’est Bm qui m’a appris que les
contacts du magicien avaient fini par le surnommer ainsi, lors du premier jour
de tournage. Après quelques échanges de présentation du projet, Bm me donna son
approbation pour tourner quelques scènes chez lui. Je lui proposai aussi de
nous rejoindre physiquement en faisant un peu de figuration, proposition qu’il
accepta. Autre élément pour vous prouver que le magicien méritait son
surnom : à un moment, j’avais eu besoin de pistolets, pour les agents du
FBI et tout autre personnage nécessitant le port d’une arme de poing dans le
script. Avant de procéder à tout achat inutile, je lançai des appels aux divers
participants pour savoir si l’un d’entre eux possédait une réplique d’arme. Que
la réplique ne soit qu’un simple jouet ou une reproduction plus sophistiquée
n’entrait nullement en considération. L’important pour moi était d’avoir un
accessoire qui ressemble à une arme. C’est alors que je reçus une réponse du
magicien qui me mit en contact avec un responsable d’un organisme spécialisé
dans le prêt de matériel policier et militaire pour des films. Pour plus de
clarté : par exemple, si, dans un film, un groupe d’intervention de la
police devait investir une maison, les responsables du film pouvaient faire
appel à cet organisme qui leur fournirait hommes, armes automatiques, gilets
pare-balles, etc. Quand j’en sus un peu plus sur cet organisme, je compris
immédiatement que je serais incapable d’honorer une telle prestation. Le fait
est, que même pour trouver des armes, je pouvais compter sur le magicien.
Magique, non ? Faisons à présent un petit résumé : le jour J était à
la portée de ma main et tout était prêt. Vraiment tout : scénario (depuis
le temps que je bossais dessus, il valait mieux), acteurs et actrices,
planning, lieux de tournage, matériel. Tout était prêt, sans aucune exception.
On n’attendait plus que le feu vert du premier week-end.
Nous arrivons alors à la semaine se
terminant par le premier week-end de tournage, soit la semaine du 6 Février.
J’avais décidé de profiter de cette semaine pour me détendre car je savais que le
film allait être demandeur en effort et concentration. Donc autant se reposer
avant et ne pas se prendre la tête. C’est là que bad JJ fit encore des siennes.
Je m’en souviens très bien. C’était en la soirée du mercredi soir. Je m’étais
posée tranquillement devant ma télévision, dans la chambre de mes parents (qui
regardaient une autre chaîne dans le salon), pour me détendre devant trois
épisodes inédits de Grey’s Anatomy. Je ne suis pas vraiment accro à cette série
médico-romantico-comique, mais je la
regarde volontiers pour les coups bas que les docteurs se font et les
situations cocasses qui se produisent. Ainsi était mon état d’esprit devant ma
télévision. Je voulais regarder dans la tranquillité Grey’s et ne plus penser à
autre chose, et encore moins à ce film d’Esprits Criminels. Comme je m’étais
faite de fausses joies… Bad JJ choisit cet instant de répit sacré tant espéré
pour se manifester et gâcher mon plaisir. En pleine moitié du premier épisode
que je savourais (enfin, je ne savourais pas vraiment l’état des malades du
Seattle Grace Hostpital, ne vous méprenez pas), je faillis bondir de ma chaise
en entendant le bip très sonore de mon téléphone portable, synonyme que je
venais de recevoir un texto. Je saisis mon téléphone et découvris que l’auteur
de l’envoi n’était autre que bad JJ. Je lus son long message dans lequel elle
m’expliquait qu’elle ne pouvait finalement pas participer au projet, pour des
raisons familiales et professionnelles. Je restai aussi droite qu’un piquet,
littéralement clouée sur place. Mon immobilité n’était que la traduction de ma
stupeur, mon choc, mon traumatisme à la vue de ce message qui signifiait un
nouveau problème de taille pour moi. Je restai également muette de torpeur et
de colère face à ce désistement qui survenait, je le rappelle, deux jours avant
le début du tournage. Je demeurai sans voix, médusée par le contenu qui
s’affichait sur l’écran de mon portable. Ma première réaction fut de relire le
message, pour vérifier que je n’avais pas rêvé et que j’avais bien compris ce que
je venais de lire. Ma deuxième réaction fut de jeter avec force et énervement
mon portable sur le lit (oui, souvenez-vous, j’étais dans la chambre de mes
parents, donc forcément, il y avait un lit et moi, je regardais assise sur la
chaise adjacente au lit). Je vais me permettre une petite parenthèse, pour vous
expliquer mon état d’esprit. J’ai toujours été de nature calme. Pour vous
donner une image, vous n’avez qu’à imaginer une personne (pour ceux qui m’ont
déjà vue, ils n’auront qu’à mettre mon visage à cette personne) flottant sur un
nuage, les jambes croisées, les bras tendus vers l’avant avec les pouces et les index se touchant, et
le reste des doigts levés vers le ciel. Ajoutez à cette image une auréole au
dessus de la tête de la personne en train de flotter les yeux fermés et le
tableau reflète exactement ce que je suis en permanence. Jamais stressée, même
quand c’est le jour des examens (à l’école ou à la fac) : je me débrouille
toujours pour arriver presque comme une touriste les mains dans les poches,
l’air de rien, alors que tout autour de moi des élèves relisent nerveusement et
avec peine leurs cours, dans la phobie de tout oublier juste avant l’examen. En
fait, extérieurement, je donne l’impression d’être toujours sereine. En même
temps, pourquoi se stresser encore plus dans une situation déjà inquiétante à
la base et le montrer en public ? Pas besoin de rajouter plus d’angoisse,
cela ne sert à rien. Revenons donc à mon problème de taille. Je venais
officiellement de perdre JJ deux jours avant le jour J (ça fait beaucoup de J
dans la phrase, vous ne trouvez pas ?). Après toutes mes déconvenues
présentées en détails depuis de nombreuses pages, c’en fut trop. Je craquai.
Tout ce que je demandais, moi, c’était de profiter d’une simple soirée devant
ma télévision. Etait-ce trop exiger ?? Pourquoi cette JJ s’était-elle
manifestée ?? J’en eu marre. Autant avant, les contretemps étaient
relativement faciles à régler, parce que d’une part, j’avais plus de temps
devant moi pour trouver une solution et que d’autre part, ce n’était pas non
plus une catastrophe. Mais là, c’était le summum ! J’étais lâchée par une
des actrices principales et évidemment, il était absolument exclu de
retravailler le scénario, même pour enlever JJ de l’histoire ! Parce qu’il
aurait fallu la remplacer à chaque scène, voir si c’était possible de la
remplacer, bref, toute une réflexion que je me refusais à faire. Et n’avais-je
pas dit qu’une équipe incomplète était intolérable ? Je venais donc de
jeter mon téléphone sur le lit (heureusement, parce que sur le sol, il y aurait
probablement eu de la casse), de rage envers cette JJ. Je décidai de rester
malgré tout calme, c’est-à-dire d’éviter à mes parents une véritable scène de
pétage de plomb : cris stridents, lancers dans les quatre coins de la
maison d’objets attrapés avec violence sur les étagères, séquences de pleurs
interminables, arrachage hystérique de cheveux, regards démoniaques, etc., etc.
Cette absence voulue et contrôlée de gestes troublants (« zenittude »
en force) ne m’empêcha cependant pas d’exploser intérieurement, en insultant
bad JJ de tous les noms possibles. Pour résumer, voilà ce que je m’étais dite,
après le fameux message (le préambule constitué de jurons et mots grossiers ne
vous sera pas dévoilé) :
« Attends
meuf, tu m’annonces que tu te désistes genre deux jours avant le
tournage ???!?!!? Alors que c’est un peu à cause de toi que j’ai du
changer le planning plusieurs fois, à ta demande ?!?!!? Et maintenant,
après m’être cassée la tête pour toi, tu abandonnes le projet !!?!?
Surtout que tu savais très bien qu’il allait se faire à cette période de
l’année depuis le mois de Novembre !!!!!! Et surtout que j’ai changé le
planning pour toi alors que tu aurais pu me communiquer tes
indisponibilités depuis longtemps et que tu aurais aussi pu me dire bien avant
que finalement, tu ne pouvais pas participer !!!! Sachant que j’avais
envoyé plusieurs messages depuis Décembre pour voir si les acteurs étaient
toujours partants, et que c’est pas comme si je t’avais prise au dépourvu genre
la veille en te disant que tu allais tourner en Février et début
Mars !!!!!! Parce que tu connaissais ce détail depuis très
longtemps !!!!! Et aussi, si tu prévoyais de trouver un taf, tu ne pouvais
pas évaluer ta motivation à faire le film et prévoir par prudence que tu
risquerais de ne pas avoir autant d’énergie, et donc de me dire avant qu’il
valait mieux que tu prennes un rôle pas trop conséquent, au cas
où ??!!?! ». Je suis bien consciente que parfois il faut faire
des choix, ou que parfois, des évènements arrivent en cours de route à un
moment auquel on s’y attend le moins. Mais quand même, faut pas pousser mémé
dans les orties, surtout quand elle n’a pas de culotte (expression qui me vient
d’une amie). Prenez par exemple cet autre candidat qui n’a pas pu nous
rejoindre : celui-ci, avant les premiers essais, m’avait clairement
expliquée qu’il risquait de se retrouver dans une situation double avec son
potentiel nouveau poste. Soit il n’était pas choisi pour ce poste, alors il
aurait plus de temps libre, soit il était choisi et ne pouvait plus prétendre qu’à
une participation très réduite, son poste étant chronophage. Je lui avais dit
que dans le doute, je le mettais en figurant. Lors de l’un de mes rappels pour
savoir qui était encore de la partie, ce candidat s’était désisté. Le point à
retenir est qu’il m’avait avisée de sa situation, et ce, avant les essais, ce
qui m’avait permis de faire des ajustements en conséquence. Et là, non
seulement bad JJ me répétait qu’elle était toujours de l’aventure, non
seulement elle savait que le rôle que je comptais lui donner demandait un
certain investissement, mais elle avait été prévenue de tous les détails
possibles et imaginables sur le projet et son rôle depuis des mois, depuis bien
avant que tous les autres candidats ! En plus, c’était elle qui m’avait
proposée de condenser les jours de tournage en faisant des week-ends
complets ! Je vous assure, j’étais tellement en pétard contre elle. C’est
vrai quoi, comprenez ma situation : j’avais tout planifié depuis des
semaines, des mois, j’avais arrangé le planning en tenant compte des
indisponibilités de chaque participant, au lieu de faire ma prétentieuse et ma
diva en changeant carrément d’acteur si l’un des miens ne pouvait se libérer un
jour. Je pense avoir montré un minimum de correction concernant les préparatifs
et la nature du projet, n’avoir pris personne en traitre quant au but et aux
conditions du projet, non ? Ou alors c’est moi qui ne comprends plus rien,
et dans ce cas-là, dîtes-le moi… Vraiment, j’étais au bout du rouleau, en cette
soirée spéciale Grey’s Anatomy. Inutile de vous dire que ma séance médicale
venait d’être gâchée en beauté.
Je fus prise de panique car il me fallait
trouver en catastrophe une nouvelle JJ. Qui accepterait d’apprendre des textes
en deux jours ??? C’est alors que je remercie Lae pour son initiative.
Oui, elle avait envoyé sa candidature, quand bien même je ne recherchais, à
l’époque, que des acteurs masculins. J’avais trouvé ma nouvelle JJ… Encore
fallait-il qu’elle accepte (elle avait déjà accepté pour m’assister dans la
partie technique, alors je ne voulais pas non plus la surmener !). Je lui
téléphonai donc, mais tombai sur son répondeur. Je décidai de la rappeler plus
tard, pour lui parler de vive voix. L’attente fut interminable, ambiance sueurs
froides. Je tentai de retourner à Grey’s, mais le cœur et l’esprit n’y étaient
plus, tant je redoutais que mon dernier espoir ne s’évanouisse (et là,
croyez-moi, cela aurait été un vrai drame). Mon cerveau était toujours en
ébullition de fureur envers bad JJ et je n’arrivais plus à le calmer. Je
stressais réellement à la perspective de tout annuler à la dernière minute ce
projet qui me tenait tant à cœur (oui, quand vous planchez dessus depuis des
mois, il y a intérêt à ce qu’il représente quelque chose pour vous). Après de
longues minutes, je rappelai Lae et lui exposai la situation… Et Lae me délivra
d’un grand poids qui obstruait mes bronches. Elle accepta, même si elle se
retrouvait par la suite à devoir apprendre pas mal de lignes en un temps très
court. Mais elle accepta et quand je la quittai après l’avoir remerciée, je
sautai de joie. Je fis ce geste que l’on fait quand on est content : on
lève le bras, le poing au niveau du visage, puis on abaisse d’un geste franc
l’ensemble bras+coude+avant-bras+poing vers soi. Le projet était sauvé.
Miracle ! J’étais sauvée. J’envoyai illico le script à Lae et en profitai
pour sanctionner sans appel bad JJ, en la supprimant purement et simplement de
mes contacts. A l’heure où je vous écris, je réfléchis, avec une amie, à un
nouveau projet, plus orienté vers le genre web série. Si ce projet aboutit, si
bad JJ vient à candidater suite à une annonce vue dans la fac ou sur internet,
il est clair que je ne la prendrai pas. Je veux bien être gentille, mais quand
on me fait faux bond aussi cruellement que bad JJ, j’en garde un très mauvais
souvenir et surtout, je n’oublie pas (même si je pardonne). Alors tenter de
retravailler avec ce genre de personne, c’est un non catégorique, quelques
soient les motivations avancées. J’espère que vous comprendrez ce raisonnement.
Quand on s’engage, soit on se retire très rapidement pour permettre au
responsable du projet d’avoir le temps de parer à cette situation, soit on
expose les limites éventuelles de sa participation, soit on s’engage jusqu’au
bout. Tels sont mes principes. En plus, j’avais tout expliqué sur le projet et
j’avais laissé, je pense, un délai assez long aux acteurs pour une réflexion approfondie.
Il ne faut pas exagérer non plus, même si c’est un projet amateur. Exit bad JJ,
welcome Lae. Ma soirée Grey’s Anatomy se termina sur une note plus positive et
je passai une relative agréable nuit. Surtout, à partir de cet évènement, je
redoutai chaque bip de mon portable signalant l’arrivée d’un sms.
Nous arrivons donc au lendemain, soit le
Jeudi soir. Après mon interlude Grey’s Anatomy totalement fichu, j’avais prévu
de me délecter devant les trois derniers épisodes du spin-off d’Esprits
Criminels (façon de parler, étant donné le sujet de cette série). Ce spin-off,
dont le titre en VO est Criminal Minds : Suspect Behavior, suit les
enquêtes d’une équipe de profilers menée par l’acteur Forest Whitaker, équipe
qui dépend directement du directeur du FBI. Cette série, dont les enquêtes
étaient plus intéressantes (à mon avis) que certaines de l’originale, n’avait
vécu qu’une saison, et donc, en ce Jeudi, je voulais regarder les trois
épisodes ultimes, et cette fois-ci, avec mes parents. J’avais prévu une soirée
très calme… Quelle erreur, encore une fois ! Pendant la publicité du
premier épisode, je consultai mes mails, en priant qu’il n’y ait pas de
nouvelles mésaventures. C’est là que je pâlis d’angoisse devant le mail du
rustre, que j’avais choisi pour incarner un personnage qui, sans être un
personnage principal, était important dans l’histoire. Celui-ci m’annonçait
qu’il était malade et qu’il ne pouvait plus assurer son rôle qui débutait ce samedi.
Voilà que j’allais devoir à nouveau faire remuer mes méninges et faire preuve
de réactivité (parce qu’il était hors de question de repousser le tournage).
Problème : comment faire, car je n’avais pas d’acteurs masculins sous la
main ? Tous ceux que j’avais sélectionnés occupaient déjà un rôle. Il leur
était impossible de se dédoubler ! Je me réfugiai horrifiée dans ma
chambre, au bord de la crise de nerfs. Je dus fouiller dans mes divers mails
pour retrouver l’adresse d’anciens candidats pour les relancer. Action
pathétique de ma part, je sais, mais à ce moment, j’étais désespérée. C’est
alors, qu’après mes relances que je savais pertinemment sans grand espoir,
j’eus une illumination. Enfin, un espoir. Le magicien m’avait mise en contact
avec Bm qui avait accepté de prêter son appartement pour certaines scènes.
J’avais alors proposé à Bm de jouer un figurant. Pourquoi ne pas lui proposer
de donner vie à un personnage plus important ? Je lui téléphonai, en
croisant fortement les doigts, et lui racontai ma mésaventure de la soirée. A
mon immense joie, Bm fut d’accord pour me filer un coup de main. Finalement, on
peut dire que j’ai eu de la chance, parce qu’imaginez la complexité de ma
situation si ni Lae, ni Bm ne m’avaient dit oui pour tenir un rôle dans le
film. Merci à eux encore de s’être portés volontaires sans avoir eu le temps de
réfléchir plus longuement et sans avoir eu le délai raisonnable d’apprendre
leurs textes ! Vous aurez compris que ma soirée spin-off Esprits Criminels
fut ruinée. Néanmoins, je pus régler la situation avant les dix dernières
minutes finales de la série, et eu l’occasion de profiter du cliffhanger
haletant et à vous en laisser sur votre faim. Cliffhanger qui ne connaîtra
malheureusement jamais de conclusion. Je pus aussi enfin relâcher la pression
le vendredi pour me réveiller avec enthousiasme le samedi 11 Février, jour
attendu depuis des mois. Et si vous croyez que l’histoire s’arrête là,
détrompez-vous ! Le tournage allait prendre une tournure intéressante…
La suite au prochain épisode. Stay
tuned !
Vic
TheWriter